Avis de Benjamin : "Une discrimination focalisé autour des pratiques des musulmans"
Il s’agit d’analyser une enquête IFOP, réalisée du 26 août au 18 septembre 2019 auprès de 1007 personnes. La Fondation Jean Jaurès l’a proposée à la DILCRAH (Délégation Interministérielle à la Lutte Contre le Racisme, l’Antisémitisme et la Haine anti-LGBT). Elle s’intitule "État des lieux des discriminations et des agressions envers les musulmans de France".
Le contenu commence par la rappel de l’Affaire de Creil qui vit trois jeunes filles avec un foulard se rendre à leur collège à la rentrée 1989. La classe politique se divise et des voix à gauche, comme le président de SOS Racisme et Marie-George Buffet, regretteront plus tard leur complaisance vis-à-vis du port du voile à l’école , au contraire de Danielle Mitterrand qui déclara : « Si aujourd'hui deux cents ans après la Révolution, la laïcité ne pouvait accueillir toutes les religions, toutes les expressions en France, c'est qu'il y aurait un recul. Si le voile est l'expression d'une religion, nous devons accepter les traditions quelles qu'elles soient ».
L’auteur souligne que le terme de "Maghrébin" n’est plus utilisé et que l’on généralise pour les ressortissants d’un pays arabe par l’adjectif "musulman". Pour la gauche des années 1970, les musulmans étaient des prolétaires et étaient qualifiés par certains à l’extrême-gauche comme la nouvelle classe ouvrière. Selon nous si les classes moyennes disant en pourcentage souffrir plus de racisme que les classes populaires se réclamant de l’islam, c’est que durant leurs études ces individus ressentaient qu’ils étaient perçus comme le mouton noir par les autres étudiants et parce que dans l’entreprise des promotions revenaient souvent à d’autres qu’eux pour des raisons étrangères aux mérites.
La religion est le marqueur identitaire des populations d’origine immigrée pour les Français issus de familles hexagonales depuis plus ou moins de générations. Plus qu’au travail c’est dans les services publics que personnes perçues comme étrangères perçoivent le plus de rejet. Ceci ne veut d’ailleurs pas dire que le sentiment de racisme n’est point faible dans les activités de loisirs (en particulier les discothèques) et la recherche d’un logement. Le milieu hospitalier est donné, pour les patients, comme le moins discriminatoire (page 67) du fait du type de mission qui est le sien. Bien qu’il s’agisse d’une opinion personnelle, fruit de remontées de faits précis que nous avons connus, on peut penser qu’un certain nombre de marques de ségrégation dans les études et l’exercice des métiers de santé.
En fin d’ouvrage l’auteur propose des formations autour de la question de la discrimination pour le personnel. Il s’inquiète du fait que du quart on soit passé à près de la moitié des Français pensant que l’islam est incompatible avec les valeurs de la République entre 2013 et 2017. Il considère que la laïcité étend sa censure sur nombre de domaines et qu’elle est utilisée pour défendre des valeurs qui en fait ont un rapport direct avec l’identité nationale ou le droit des femmes.
Pour lui la société française, très largement sécularisée, admet difficilement les personnes qui montrent leur foi à l’extérieur de chez eux ou en dehors de leurs lieux de culte. Certains musulmans se perçoivent victimes d’une traque lors de la manifestation de leur foi. Il y a d’ailleurs un paradoxe quand la tenue vestimentaire revendiquée n’a aucun lien avec le Coran ou la Sunna (comme le burkini ou l’abaya).
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