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Les cathos sont-ils de retour?

Les cathos sont-ils de retour?
Artège. 160 pages
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Avis de Ernest : "François le Pieu(x) n’a pas réveillé le catholicisme français, bien au contraire"

Voici un ouvrage d’actualité, si l’on pense  aux manifestations de ces dernières années du type de La Manif pour tous et au fait que vraisemblablement depuis l’élection présidentielle au suffrage universel, on n’avait jamais eu un candidat qui se disait chrétien en l’occurrence François Fillon (il n’est pas sûr que, le plus réellement catholique de tous ces candidats, Jean Lecanuet mit en avant ces croyances dans sa campagne de 1965, il se disait en fait "candidat démocrate, social, européen").

Gérald de Servigny a quitté la Fraternité Saint-Pierre en 2008 (qui milite pour le retour à la liturgie d’avant Vatican II) mais dans le diocèse de Versailles il célèbre le culte sous la forme extraordinaire du rite romain (celle utilisée jusqu'au Concile de Vatican II avec en particulier le prêtre célèbrant pas la Messe dos aux fidèles ou face à Dieu).

L’auteur rappelle la vitalité de l’Église dans les années cinquante  en France, évoquant non seulement les baisses dominicales de fréquentation mais le retour à l’état laïc de prêtres dans les années 1960. Toutefois, selon nous, Vatican II donna un nouveau souffle pour quelques années à cette dernière, nombre de catholiques (laïcs ou prêtres) avaient l’impression que l’Église était alors nettement plus en phase avec la société (c’est en tant que témoin que je m’exprime). Mais il est vrai que ces chrétiens souvent de gauche n’ont guère fait d’émules au-delà de la fin des années 1970.

 Gérald de Servigny dit ne pas vouloir employer la langue de buis (sic) et entend décrire « la décrépitude de l’Église de France » (page 21). Paradoxalement sur certains continents le christianisme est en expansion, l’auteur parle évidemment de l’Asie mais aussi de l’Afrique (mais là d’après nous, il est plus dû au poids démographique qu’à des conversions) et l’Amérique du sud ; il faudrait peut-être préciser que les églises évangéliques ou plus généralement protestantes sont certainement plus dynamiques que le catholicisme dans les continents autres que l’Europe.

Selon lui, sur ce sujet de la déchristianisation, les catholiques sont passés du déni à la résignation. Au passage, il rappelle que la France ne fut le premier chrétien qu’en Occident et que sur le podium universel on trouvera l’Arménie. Il rappelle que dans l’histoire on a vu une Église très dynamique et pionnière en Afrique du nord qui s’effondrait en quelques décennies. Ce n’est pas le retour de l’anneau de Jeanne d’Arc en France qui selon lui va faire un miracle pour le catholicisme français (page 63). .

Selon notre auteur, contrairement à l’Église d’Orient, en Occident il n’y eut qu’une seule querelle théologique à la fin de l’Antiquité. C’est la question du pélagisme auquel s’oppose l’augustinisme (auquel le luthéranisme a beaucoup emprunté). Le moine breton Pélage, né vers 350 et mort en 420, considère que le chrétien peut atteindre la sainteté par ses propres forces et par son libre arbitre et minimise le rôle de la grâce divine ; l'homme est considéré capable par lui-même  de choisir le bien et d’éviter le mal. L’auteur voit un abandon de la culture néopélagienne pour un retour à une culture néoaugustinienne et donc à un renouveau spirituel chez les catholiques français.    

Les tentatives de prospective se font après que l’on ait soulevé trois dangers : l’embourgeoisement, l’isolement autour de différentes communautés et un papillonnage (à défaut de mener une vie pleinement marqué par la foi). L’auteur se révèle d’ailleurs gramsciste en invitant les catholiques à retrouver, à défaut d’une certaine hégémonie culturelle, au moins une contre-culture bien ancrée dans quelques certitudes en opposition avec quelques idées douteusement dominantes aujourd’hui dans la société française. Le travail de refondation passerait en particulier par la multiplication des écoles hors contrat et nul doute que l’échec de François Fillon (avec dans son ombre Bruno Retailleau) aura freiné cette perspective.  Rappelons que le candidat aux présidentielles déclarait à leur sujet : « L’État ne devra plus s’opposer à cette nouvelle offre éducative issue de la société civile ; il devra leur faciliter la tâche et les aider ». L’auteur se demande quels seront les effets ultérieurs sur le catholicisme de l’importance aujourd’hui devenue durable de la communauté musulmane ; il compte, et ce sont ces derniers mots, aussi sur la Providence divine… Cet ouvrage redonnera confiance aux catholiques pratiquants et permettra à tous ceux aux marges ou à une très grande distance de cette religion de comprendre ce qui meut actuellement les fidèles français du Pape.

Pour tous publics Aucune illustration

Ernest

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