Avis de chevry : "rigoureux et pédagogique"
Le titre de l'ouvrage ne correspond pas exactement à cette histoire chronologique des rapports entre Eglise et société civile de l'europe et de la France en particuiier. C'est dommage parce qu'on trouve dans ce livre l'origine des débats actuels sur la laicité et les relations entre Etat et religions.
Avec rigueur, l'auteur décrit de façon pédagogique comment le christianisme s'est peu à peu inséré dans la gouvernance des Etats européens en cours de constitution, puis son identification avec la société elle-même jusqu'aux irruptions bouleversantes de la Réforme et du mouvement des Lumières qui ont constitué pour l'Eglise une révolution dont elle ne sortira jamais indemne.
On apprécie vivement les synthèses que l'auteur introduit dans son récit sur les grands mouvements de pensée qui structurent ces périodes et leur impact sur les populations : Augustinisme, Thomisme, le renouvellement des ordres religieux, le jansénisme, l'humanisme, la naissnce de la science "moderne". On lit avec curiosité les débats parfois violents entre les tenants du gallicanisme, les inconditionnels du Pape, les jansénistes et leurs rivaux jésuites dans le contexte de la montée en puissance de la monarchie absolue en France.
Préparée dès le milieu du XVIIIème siècle, c'est une société profondément bouleversée dans son rapport aux religions par la Révolution puis l'Empire qui essaie de retrouver ou réinventer des repères pendant les 126 ans qui ont vus "se succéder trois républiques, deux monarchies,et deux empires". Périodes extraordinairement missionnaires traversées en même temps par la montée du socialisme et du positivisme. On se radicalise de part et d'autre, absolutisme du Vatican contre forces laïques, jusqu'à la loi de séparation de l'Eglise et de l'Etat de 1905. Une grande période intellectuelle s'ouvre alors en particulier dans l'Eglise pour redéfinir la place des croyants dans une société désormais sécularisée, tenant compte cette fois des progrès des sciences humaines (sociologie, critique historique) et de la montée en puissance des questions sociales : socialisme, libéralisme,..
Avec le tournant opéré par le Concile Vatican II, le fait religieux, de structurel qu'il était pour la société, semble pour la majorité des populations devenu cuturel. Minoritaires, les catholiques se découvrent une foi "d'adhésion" plus que de confirmité, qui va réinterroger la société sur ses valeurs essentielles.
L'auteur nous offre un parcours passionnant mêlant habilement et simplement politique et théologie, entre récit historique et débat d'idées, pour proposer une lecture très actuelle de l'histoire de la relation entre l'Eglise et la société.
Pour connaisseurs Aucune illustration Plan chronologique