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L’Église et l’animal

L’Église et l’animal
Cerf 396 pages
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Avis de Ernest : "S’il n’existait point d’animaux, la nature de l’homme serait encore plus incompréhensible"

Notre titre cite une phrase de l’"Histoire naturelle" rédigée par Buffon en 1749. "L’Église et l’animal" n’arrive pas comme un îlot de connaissance car Éric Baratay s’est intéressé à l’image de l’animal à diverses époques et sur divers supports (dont la BD), par ailleurs on sait que Michel Pastoureau de son côté s’est intéressé dans l’histoire à des animaux bien réels comme l’ours ou le cochon. Par ailleurs Michel Pastoureau, comme Marie-Hélène Baylac ou Christian Vignol se sont intéressés à des animaux célèbres et imaginaires comme la licorne ou le griffon.  L'ouvrage "L’Église et l’animal" est une nouvelle édition revue et augmentée d’un livre par en 1996 qui reprenait l'essentiel de la thèse soutenue par Éric Baratay à Lyon en 1990. 

Dans "L’Église et l’animal", après avoir situé rapidement l’animal dans les héritages de la Bible, de la pensée grecque et dans le christianisme médiéval, l’auteur propose quatre parties chronologiques (aux frontières mouvantes) où  il dégage des caractéristiques : Un intermédiaire entre l’homme et Dieu (1600-1670), Une créature dépréciée (1670-1830), Une réhabilitation (1830-1940), Deux modèles opposés (1940-1990). De à qui l’auteur a ajouté un épilogue pour le période 1990-2015. L’auteur a étudié des  écrits doctrinaux, catéchismes, ouvrages édifiants, statuts synodaux et iconographie ouvrages religieux ou à l’intérieur des églises.

Au passage on apprend que des philosophes du XVIIe siècle, proclament l’origine matérielle de l’homme et affirment que :

« La faiblesse de l’homme n’est pas compensée par des facultés particulières, et sa condition est souvent inférieure à celle des animaux qui ignorent le mal, le remords, la cupidité et le désespoir devant la mort : la bête ne sent point peste, guerre ou famine. » (page 27)

Parmi eux on trouve Giulio Cesare  Vanini, qui est condamné à avoir la langue coupée à Toulouse en 1619, à être étranglé puis brûlé convaincu de blasphème, impiété, athéisme, sorcellerie et corruption de mœurs. Dans cette première époque, où les controverses entre intellectuels catholiques et protestants puis entre réformés de diverses obédiences se poursuivent, on appelle des comparaisons entre l’homme et la bête pour fonder les démonstrations morales et alimenter les controverses théologiques. Ensuite autour du XVIIIe siècle, sous l’influence de la Contre-réforme et du cartésianisme :

« Souvent considéré comme une vulgaire machine sans âme, comme une créature bien différente et manipulable à merci, l’animal éloigne de l’homme. » (page 143)

De façon sûre entre 1830 et 1940, l'animal se révèle un parent, puis un ancêtre de l’homme. Les représentations bibliques de la création sont remises en cause et l’Église évite de se prononcer dans le débat scientifique qui rapproche l'animal de l'homme. On s'accorderait chez les catholiques pour lui reconnaître une âme.

Tableau de L.O. Merson "Le loup de Gubbio"

Pour la période entre 1940 et 1990 on aurait aimé voir cité le nom de Lanza del Vasto pacifiste, écologiste et végétarien mais aussi défenseur de la cause animale. On raconte que Lanza del Vasto, à quelqu'un qui venait d'écraser une araignée devant lui dit :

« Maintenant que tu as privé l'univers de cette vie, fais donc l'araignée ! »

Durant ce début de l’époque contemporaine, l’animal est utilisé comme marche pour revendiquer le respect de la vie humaine. Jean-Paul II réinterroge, au sujet des bêtes,  la tradition franciscaine où une grande fraternité envers toutes les créatures de Dieu s’affirme. Il en reste cette légende autour du loup de Gubbio, racontée dans le chant XXI des "Fioretti di San Francesco", et écrite un peu plus d’un siècle après le prétendu évènement ( Éric Baratay propose à l'intérieur la reproduction d'un tableau de L.O. Merson qui met en scène sa fin, l'oeuvre apparteint au musée des Beaux-Arts de Lille ; par ailleurs l'image de couverture est celle d'une fresque du XVIIIe siècle qui présente la même action). Dans la période qui nous est contemporaine, la recherche de la paix avec Dieu se fait en lien avec la recherche de la paix avec toute la création, les idées écologistes influencent le discours tenu sur les animaux. Quoiqu'en noir et blanc, les vingt-quatre documents iconographiques sont appréciés.

 

Pour connaisseurs Quelques illustrations

Ernest

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