Avis de Zaynab : "Les Bohémiens avant la bataille de la Montagne Blanche en 1620 vivent dans une société pluriconfessionnelle"
L’histoire du Golem est liée à celle de la ville de Prague. Cette dernière ville est, sous le règne de Rodolphe II de Habsbourg (empereur du Saint-Empire romain germanique de 1576 à 1612), la capitale des possessions autrichiennes. Les juifs de cette ville sont nombreux et vivent dans le ghetto, le rabbin Jehuda Löw ben Bezalet (ou Loew) aurait à cette époque, selon la légende, créé le Golem à partir de l’argile et lorsque cette statue est mis en contact avec le nom secret de Dieu elle prend vie et lorsque ce lien avec le nom secret de Dieu est rompu le golem perd la vie.
Ici l’idée de créer une créature extraordinaire pour protéger les juifs pragois est reprise, toutefois c’est le mot "vérité" qui est choisi comme clef (page 62). L’action est racontée par Zelmira une petite fille d’un alchimiste. L’action débute par un petit pogrom, et amène le rabbin Loew à créer Joseph le Golem. Le Maharal a pris de l'argile et il la forme avec ses mains et il en sort un visage étrange au-dessus d'un corps allongé.
Rodolphe II craint d’être assassiné comme Henri III (et non pas Henri II comme cela est écrit page 112) et désire que le Golem le protège, ce qui est impossible car le Golem n’obéit qu’à des gens qui n’ont pas commis de péché répond le créateur de ce dernier. On découvre que le commandement "Tu aimeras ton prochain comme toi-même" n’est pas seulement dans L’évangile de Matthieu mais aussi dans l’Ancien testament et en l’occurrence c’est dans le Lévitique (page 124). Zelmira est enlevée pour être échangée contre le Golem. Cette histoire va-t-elle se terminer mal pour la communauté juive ?
L’illustration occupe environ un cinquième de la surface du livre et rend bien à la fois l’époque (on remarque sur une double-page un rendu impressionnant de la ville de Prague dans son ensemble) et l’atmosphère de mystère. Benjamin Lacombe présente L'ombre du Golem dans cette vidéo https://www.youtube.com/watch?time_continue=4&v=rL5DWKvK4IQ. Il y explique en particulier que des communautés religieuses sont en conflit à cette époque.
Dans les pages documentaires de L’ombre du golem, il est signalé qu’en 1567 les juifs sont autorisés à ne vivre que dans le ghetto à Prague, qu’en 1592 le rabbin Loew est admis à la cour de Rodolphe II et qu’en 1609 la liberté de culte est accordée en Bohême. S’il y a message de tolérance, comme cela est rapportée dans la partie documentaire, sa portée est à relativiser. En effet Rodolphe II a fait publier en 1609 une charte royale appelée le Majestät (« Lettre de Majesté »), garantissant la liberté de culte aux nobles et aux villes. Toutefois il faut savoir que cette tolérance a été accordée dans le but de satisfaire les notables protestants de Bohême et que lorsque ces derniers ont continué à faire pression pour de nouvelles libertés, et Rudolf a utilisé son armée pour les réprimer. Les protestants ont ensuite fait appel à Matthias pour obtenir de l'aide; l'armée de Matthias a été victorieuse et a ensuite retenu Rudolf prisonnier dans son château à Prague jusqu'à 1611, année où Rudolf a cédé la couronne de Bohême à son frère. Il n’a plus gardé que le titre impérial jusqu’à sa mort en 1612. Personnellement, je pense que l’histoire du golem est née dans une période de conflits religieux intenses entre réformés et catholiques dont les juifs payèrent les pots cassés.
Notons qu’une version bien plus allégée et sans illustration pour le récit et plus conséquente pour la partie documentaire (élargie à la question de l’antisémitisme nazi et à d’autres formes de ghetto) est sortie en 2015, sous la plume de Sylvie Baussier, et ceci aux éditions Oskar.
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