Dictionnaire encyclopédique de Marie

Le personnage Thiemann, dans la pièce "Schlageter", écrite et jouée en 1933 par l'auteur nazi Hanns Johst, préfère se battre plutôt que d'étudier, affirmant : « Wenn ich Kultur höre ... entsichere ich meinen Browning ! ».  Ultérieurement ce mot, légèrement modifié, fut attribué tantôt à Goering, tantôt à Goebbels.  Dominique Le Tourneau et  Pascal-Raphaël  Ambrogi sont les deux auteurs du "Dictionnaire encyclopédique de Marie". On est face à un copieux volume sur papier bible, il ne faut pas hésiter à parcourir deux ou trois pages pour trouver ce que l’on cherche ainsi  Anne, la mère de Marie, est-elle situé après plusieurs Anne, dont Anne d’Autriche (qui fit bâtir à Apt une chapelle pour y déposer des reliques de l’épouse de Joachim) et Anne Griffon car elle est classée comme Anne (sainte).

Ce dernier ouvrage, au prix très modique de 39 euros (vu sa densité) propose la vision catholique romaine de Marie, c’est pourquoi il y a une entrée spécifique à "orthodoxe" et "protestants" afin de connaître leur approche propre du personnage, car pour une bonne partie des seconds il s’agit vraiment d’un personnage et ils sont de très grands dénigreurs de ce qu’ils appellent la Mariolâtrie (tout en mettant une majuscule au mot).      

Non seulement cet ouvrage permet de connaître ce que l’Église dit de la virginité et de la vie de la mère de Jésus mais il pose la question de ses ascendants et descendants de Marie ; toutefois la notice est rédigée bien souvent plus dans l’esprit de répondre à une controverse qu’à dresser une biographie complète (ainsi pour sainte Anne, on cherche avant tout à répondre à la question de sa propre virginité). Des biographies de personnes, pour qui l’action de la Vierge a été capitale dans leur conversion, sont proposées comme Édith Stein morte à Auschwitz en 1942 ; d’autres personnes peuvent être évoquées parce qu’elles ont redynamisé la piété mariale, dans l’espace où elles vivaient, comme le Hollandais ultramontain Joaschim le Sage ten Broek (mort en 1847 et non en 1647, comme une faute de frappe le laisse croire).

Même si on les attendait, on se réjouit de l’existence et surtout du caractère très exhaustif d’articles comme celui qui recense et informe sur l’essentiel des diverses apparitions de la Vierge Marie dans le monde entier. Pour la France et d’autres pays européens, marqués par la tradition catholique, on a dans ce  dictionnaire au nom des lieux en question des informations plus complètes sur l’apparition et ses conséquences en matière de pèlerinage par exemple. Ceci permet de revister des pans entiers de l’histoire européenne, ainsi en Espagne la statue de la Vierge à Sonsolens aurait été redécouverte lors de la reconquête chrétienne de la ville en 1083 et la sainte Vierge, ayant été invoquée par don Pelayo Pérez Correau (1205-1275) lors d’une bataille, cela aurait permis le défaite des musulmans et valu au corps de ce chevalier d’avoir trouvé place aux côtés d’une statue de la Vierge du XIIIe siècle au monastère de Tentudia en Estrémadure.   

Les villes et villages présentes peuvent également permettre d’approcher une volonté d’honorer de façon originale Marie, comme c’est le cas à Issoudun dans l’Indre où on a associé le Sacré-Cœur de Jésus à Notre-Dame.  

Dans le même esprit vouloir montrer dans l’article "Église et Marie" l’évolution du discours sur Marie chez les catholiques, c’est faire preuve d’un bon esprit d’historien des religions. Toutes les congrégations qui portent un nom se référant à Marie (directement ou indirectement comme les Frères de la Sainte Famille, originaires de Belley). Des articles au nom d’un pays existent en grand nombre (Belgique, Suisse, Pologne, Mexique, Chili, Chine, Vietnam, Nouvelle-Zélande …), ils valorisent les spécificités autour dans la continuité historique en matière de culte marial. Les Provençaux liront attentivement les pages 1247 à 1249 qui traitent des Saintes-Maries, puisque la sœur de Marie faisait partie, selon la tradition, du groupe de femmes qui débarqua en 42.