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Penser la laïcité

Penser la laïcité
Minerve222 pages
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Avis de Benjamin : "La laïcité a octroyé plus de libertés que toute religion investie du pouvoir politique ou ayant l’appui de ce dernier"

Dans son avant-propos, l’auteure rappelle  que fin 1989, elle fut, aux côtés notamment de Régis Debray, Élisabeth Badinter et Alain Finkielkraut signataire de La Lettre ouverte à Lionel Jospin où elle demandait l’interdiction des signes religieux à l’école publique. Alors que Qu’est-ce-que la laïcité ? de Catherine Kintzler était plutôt une analyse philosophique du concept, ici l’auteure entend renouveler sa réflexion en la confrontant notamment à des faits d’actualité. Ceci débouche sur des idées autour du lien politique, des rapports entre différentes formes et moments du concept de liberté, l’idée d’objet libre et de gratuité ontologique, de notion de communauté, d’identité de la personne, de concepts d’adogmatisme et de position critique, de statut de la culture, de conception de la morale, et de recherche sur la perfectibilité.   

L’auteure commence à revenir sur les idées de Locke et Bayle autour de l’organisation sociale et du lien politique entre les sujets, sujet qu’elle avait développé dans Qu’est-ce-que la laïcité ?. Il est question là des formes différentes que peut prendre la laïcité.

Elle pointe deux dérives dans l’idée de laïcité: « vouloir étendre la liberté dont jouit l’espace civil à la puissance publique (c’est la laïcité adjectivée : positive, plurielle, modérée, raisonnable, ouverte, apaisée…) ; inversement, vouloir durcir l’espace civil en exigeant qu’il applique le principe d’abstention partout (extrémisme laïque) » (page 38).

Catherine Kintzler relève également que la laïcité n’est pas un phénomène propre à la France (même s’il se manifeste d’autres façons ailleurs), qu’elle n’est pas antireligieuse et n’est pas particulièrement d’ailleurs dirigée contre l’islam, qu’elle ne vise pas à réduire tout particularisme culturel propre à une communauté. Ceci amène l’auteur a définir le communautarisme et a dire que l’école de la République est « un lieu où, pour apprendre, on se dépayse, on se libère de son environnement ordinaire » (page 49).

Elle disserte plus loin sur le port du voile, elle est pour un combat idéologique contre le voile mais pas son interdiction légale (page 79), par contre le voile intégral  (niqab et burka) car il s’agit d’une dissiulation volontaire du visage. « Plus qu’un signe religieux, plus qu’un signe d’oppression, plus qu’une uniformisation, plus qu’un exercice d’humilité qui pourrait être de nature spirituelle, bruqa et voile intégral sont aussi des déclarations de dépersonnalisation indifférenciée. Et lorsque la personne elle-même se déclare publiquement sous le régime visible de l’invisible, sous le régime de l’anéantissement et de l’indifférenciation, le cœur même de l’association politique, formée par des individus dont la singularité fonde l’égalité, des individus fondamentalement discernables dans leur commune multiplicité humaine et par là-même fondamentalement égaux en droits, est atteint » (pages 95-06).

L’auteure rappelle que la loi 1905 a été amendé par le gouvernement de Vichy pour un point sur lequel on n’est jamais revenu, à savoir que des bâtiments cultuels non classés peuvent se voir allouées des sommes pour réparation, sans que cet argent ne soit considéré comme une subvention à la religion en question (page 121).  Parmi les mesures ou lois non abrogées de ce même gouvernement, notons qu’on a notamment le 1er mai férié et le délit de non-assistance à personne en danger.

Catherine Kintzler réfléchit autour du possible contenu de la laïcité pour un individu, une association ou une entreprise. Elle revient à cette occasion sur le cas d’une salariée de la crèche Baby Loup qui entendait travailler en étant voilée alors que son employeur le refusait (pages 140-141). L’auteure pose donc la question de la revendication possible de la laïcité dans un cadre privé. Elle réfléchit au fait qu’une association confessionnelle peut licencier un employé qui ne respecte pas un des préceptes de cette religion alors qu’une association voulant promouvoir les valeurs de la laïcité se voit contrainte d’accepter qu’un de ses employés affiche ses propres opinions religieuses (pages 145-146). Elle se questionne sur le fait que les libertés des non-croyants puissent être plus restreintes que celles des fidèles d’une religion. Dans l’affaire autour de cette crèche, nous savons que la cour d'appel puis la cour de cassation estiment finalement que la crèche Baby Loup peut être qualifiée d'« entreprise de conviction » ce qui l'autorise à « exiger la neutralité de ses employés ». Toutefois la dite crèche a subi ensuite diverses pressions et a donc décidé de rouvrir dans une ville voisine.  

Le dernier chapitre interroge sur la spiritualité et la morale laïque. Ceci a pour conséquence d’évoquer notamment le rapport de la laïcité à la culture et aux inégalités sociales.

 

Pour connaisseurs Aucune illustration

Benjamin

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513 critiques
09/10/23
Conférence publique "RÉPARER LA RÉPUBLIQUE" Lundi 16/10 à 20h au Grand Orient de France, 16 rue Cadet Paris 9ème, Temple Groussier (accueil du public à partir de 19h30). Intervenante Catherine KINTZLE
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