Avis de Ernest : "Quand j’entends parler de laïcité, je sors mon Mahomet"
Si l’objectif premier n’est pas d’encenser le régime des ayatollahs qui dirige l’Iran depuis quarante ans, on peut se demander si ce n’est pas l’objectif secondaire. En tout cas, on ne sera pas surpris que l’auteur soit resté cinq ans ambassadeur du Mali en Iran. On est surpris de lire : « La laïcité islamique, celle qui applique la séparation des pouvoirs tracées par Mahomet dans la Cité de Médine, se retrouve aujourd’hui en intégralité dans la République des Mollahs » (page 87)
Bien tendu le terme "république islamique" porte en soi intrinsèquement l’idée de laïcité. Tout le monde sait que les gardiens de la Révolution guettent tous les signes ostentatoires que sont par exemple pour les femmes : les cheveux au vent, le maquillage, le port du pantalon, j’en passe et des meilleurs. Quant à la citation de Bani Sadr qui aurait déclaré : « Nous n’avons pas besoin d’une Constitution pour donner les pleins pouvoirs au Guide Khomeiny » (page 87), on a bien envie de demander à l’intéressé si elle n’est pas complètement décontextualisée pour faire dire exactement le contraire de ce que Babi Sadr souhaitait. Si de France ou de Suisse, Bani Sadr ou sa fille nous lisent, on risque de ne pas être déçu du commentaire qu’ils nous mettront à ce sujet.
Que l’Iran accorde la liberté de culte aux juifs et aux zoroastriens tout-à-fait d’accord (ajoutons personnellement que les Arméniens ne sont pas inquiétés non plus), mais qu’en est-il dans la réalité. De plus quelle est la situation pour les 300 000 baha’is d’Iran, qui ont le malheur d’avoir une foi bien postérieure à l’apparition de l’Islam?
L’ouvrage a le mérite de montrer la progressive distorsion du message du Prophète sous la dynastie des omeyyades et que des pratiques revendiquées comme musulmanes ne sont en rien des recommandations de Mohamed comme couper la main au voleur, couper la langue au médisant et la lapidation de la femme adultère (page 157).
Sans vouloir chercher des poux à l’auteur, parmi les perles de l’ouvrage on relèvera : « En France laïque, toutes les fêtes officielles de l’État français sont des fêtes catholiques ». Tout le mode sait en effet que le 14 juillet est le jour de la prise du Temple par Jésus-Christ et le 8 mai l’anniversaire de la capitulation de Galilée devant ses juges… Je laisse à notre lecteur le soin de broder sur la signification d’encore quelques jours fériés dans l’hexagone.
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