Avis de Ernest : "Calvin, Pierre Viret et Farell dans les pays romands et principalement Zwingli outre-Sarine"
Calvin à Genève, Guillaume Farel à Neufchâtel, Pierre Viret en Pays de Vaud (le seul des trois issu de l’espace helvétique et le seul à mourir dans le royaume de France) assurent le passage au protestantisme dans les futurs cantons suisses francophones en question (Fribourg et le Valais restent catholiques). Pour la Suisse alémanique, la pensée évangélisatrice relève principalement de Zwingli. Toutefois y apportèrent leur active pierre de théologiens et prédicateurs : Joachim Vadian (de Saint-Gall), Heinrich Bullinger (fils naturel d’un curé d’Argovie), Michael Eggenstorfer (natif en 1465 de Constance, alors ville impériale) et Konrad Grebel (né près de Zürich et maître à penser des anabaptistes). On doit d’ailleurs à Heinrich Bullinger et à l’Alsacien Leo Jud les contorsions idéologiques propres à faire passer la Confession helvétique de 1561 pour luthérienne, la paix d’Augsbourg reconnaissant uniquement la religion luthérienne, cela s’avérait nécessaire.
Ulrich Zwingli a un rôle moteur et il fait de Zürich le seul centre intellectuel en matière de religion protestante pour outre-Sarine. Toutefois, ce fil de paysan aisé (le père est magistrat de sa paroisse), fréquente de 1502 à 1506 l’université de Bâle alors pôle des études religieuses ; c’est de cette dernière cité que Erasme fait publier en grec Novum Instrumentum omne, une version des Évangiles qui sera traduite en plusieurs langues vulgaires par Zwingli, Luther et Calvin. Il est curé des Glaris en 1506 non sans difficulté, car le curé de Baden avait été nommé par Rome mais refusé par ses futurs paroissiens ; c’est Barthélémy Zwingli curé deWesen qui recommandent alors son neveu Ulrich aux habitants de Glaris.
C’est en tant que curé de Glaris qu’il est délégué aux fonctions d’aumônier à la bataille de Novare en 1513 ou les lansquenets au service de la France de Louis XII sont battus par les Suisses combattant pour la Confédération helvétique et Hercule Maximilien Sforza le duc de Milan. Il est à nouveau aumônier des troupes suisses à la bataille de Marignan. Il resort de cette aventure avec une profonde hostilité au mercenariat ; ceci explique que les cantons helvétiques, passés à la Réforme, interdiront à leurs habitants de s’engager dans des armées étrangères. Ceci a d’ailleurs pu faciliter le retour au catholicisme de certains cantons comme celui de Soleure.
Chapelain de l'abbaye d'Einsiedeln de 1516 à 1519, il se lance dans les études et promeut déjà quelques réformes en récusant les reliques par exemple et donc la rémission des péchés qui accompagnait la visite à celles-ci dans l’abbaye en question. Le chapitre de Zurich le nomme curé de cette ville en 1519 et jusqu’à sa mort en 1531 il va assurer les fondements d’une doctrine religieuse qui se distingue des pensées des luthériens et des anabaptistes. Contre ces derniers, défendant les idées professées par Conrad Grebel, il bataille fort et cela se traduit par leur expulsion du canton de Zürich quand ce n’est pas par l’emprisonnement et la décapitation comme pour Jacob Grebel en octobre 1526.
Les autorités du canton forcent Zwingli à suivre, en tant qu’aumônier, les troupes protestantes en conflit avec celles des cantons suisses protestants ; lors de la bataille de Kappel en 1531 Zwingli est tué comme nombre de soldats suisses protestants. Bien que plus jeune se sept semaines que Luther, il décède quinze ans avant lui. L’ouvrage d’Aimé Richardt apporte un bel éclairage sur un personnage dont les soixante-sept thèses publiées en 1523 constituent une étape incontournable dans l’histoire de la Réforme.
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