Avis de Alexandre : "Et du Guesclin dans tout ça? Ce fut pour des générations d’écoliers français le symbole du guerrier rusé"
Jean-Vincent Holeindre livre là une réflexion sur les rapports que ruse et force ont entretenu dans les armées du monde occidental. Dans son introduction, il rappelle que « Achille, héros de la force, est un soldat ; son honneur est au-dessus de tout. Ulysse, héros de la ruse, est un stratège. Pour lui, seule la victoire compte. » (page 13)
Par ailleurs « Aujourd’hui, les discours officiels, les fictions et parfois même les travaux de recherche rejouent cette antienne du combattant rusé et perfide pour qualifier les nouveaux ennemis de l’Occident. L’insurgé, le rebelle, le terroriste recomposent le représentation classique du barbare : leurs embuscades, attentats et attaques surprises sont marqués par le seau de la perfidie caractérisant les combattants se situant en dehors de la civilisation. (…) Hanson se trompe lorsqu’il affirme que la ruse est l’apanage de ceux qui vivent en dehors de la démocratie : les forces armées des États démocratiques utilisent à l’évidence ce type de procédé pour se défendre, à travers le renseignement et les opérations spéciales. (…) Derrière toute guerre, il y a non seulement un affrontement armé mobilisant des moyens militaires, mais aussi un conflit de légitimité et par conséquent, une rhétorique morale et politique visant à valoriser son propre camp pour discriminer l’adversaire. De ce point de vue, brosser un portrait de l’ennemi en combattant rusé et perfide, c’est faire apparaître par contraste sa propre armée comme le symbole de la force légitime. » (pages 15-16)
Cette illustration n'est pas dans l'ouvrage. Elle met en scène du Guesclin prenant le château de Grand Fougeray en Bretagne.
L’auteur va revisiter des siècles de conflits pour montrer que la culture occidentale valorise le conflit qui met en œuvre la force mais pour autant les stratèges vainqueurs de cet univers savent eux aussi employer la ruse. Toutefois cette ruse prend des aspects particuliers qu’il met en exergue. Les guerres de la Grèce et de la Rome antique (et en particulier la lutte de César contre les Gaulois), le discours des chrétiens des premiers siècles de notre ère, de Machiavel, des penseurs de la Guerre en dentelles, de Clausewitz, de Liddell Hart (historien militaire anglais né en 1895) sont parmi les principaux points exposés. Au passage on apprend que l’expression de "guerre totale" est de Léon Daudet et qu’elle date de 1918.
L’auteur conclut sur l’idée que les armées occidentales ne doivent pas se contenter de la présence de soldats réguliers sur les terrains d’opération. Il s’agit de muscler tout un appareil de forces spéciales, agents secrets, mercenaires, transfuges. Nous ajouterons personnellement que se pose alors la question du contrôle démocratique de ces actions et l’on apprend de plus, bien souvent, que les fonds secrets dégagés prennent des chemins bien particuliers. On sait que depuis le passage de Lionel Jospin au poste de Premier ministre, un éclaircissement sur l'emploi des fonds secrets est possible.
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