Avis de Octave : "Il serait tant de ne plus nous charrier!"
L’auteur commence par rappeler que le char fait son apparition dans l’Histoire lors de la bataille de la Somme en 1916 et que le général Pétain annonçait à la fin 1917 qu’il attendait les chars et les Américains pour battre les Allemands. Lors de la Seconde Guerre mondiale, on lui prête le succès de la percée de Sedan, le tournant de la bataille de Koursk (3 300 tanks russes qui permettent d’enfoncer le flanc allemand), les affrontements en Afrique du nord à El Alamein, de l’avance israélienne réalisée par le général Sharon dans le désert du Sinaï en 1967 … Sans compter la figue symbolique des chars dans la répression de mouvements de contestation du pouvoir, comme à Budapest, Prague et Pékin. Actuellement l’ensemble des pays ont en commun environ 100 000 chars.
Dans un chapitre, l’auteur montre que le tank est un engin qui fait spontanément peur aux fantassins. L’auteur va revisiter le rôle des panzers en mai 1940 et l’on suit de façon détaillée les mouvements de ceux-ci entre le 10 et le 15 du mois en question.
Jean-Claude Delhez révèle que dans six opérations décisives, pour quatre d'entre elles dans le département des Ardennes et les deux autres en province de Namur ou du Luxembourg belge (à savoir Neufchâteau, Bulson, Dom-le-Mesnil, Sapogne, Biert-l’Abbé, Faissault), le rôle des chars fut négligeable. Pour lui dans les percées majeures dans le département département des Ardennes (celles de Sedan, Wadelincourt et Montcornet) et en Belgique ( Anhée), le Panzer est quasi absent. Un chapitre, où sont recensés les nombres de chars allemands engagés par compagnie, se conclut par l’idée que seuls 20% des effectifs de blindés des armées de von Rundstedt voient le feu, soit 360 durant cette semaine de mai 1940. Après avoir imaginé l’offensive en question sans les chars allemands, l’auteur montre que c’est l’infanterie (la reine des batailles disait Pétain) qui a été l’acteur clé de la Belgique à Dunkerque en passant par Sedan et Abbeville. Pour lui, l’armée allemande en mai 1940 a quatre atouts : le moral (elle a écrasé l’armée polonaise), un bon équipement de ses fantassins (casque, mitraillette, transport parfois motorisé, entraînement…), la pervertine (drogue distribuée aux soldats) et le soutien aérien.
Illustration absente du livre
Selon lui, du 10 mai au 18 juin de la Belgique au Loir-et-Cher, ces engins souffrent terriblement face à l’artillerie française. Il nous montre ensuite que le canon est un véritable chasseur de proies blindées. L’étude va nous faire retourner dans l’Ardenne belge, autour de Bastogne, mais cette fois en décembre 1944 et janvier 1945 pour nous démontrer l’inanité des chars. La fin de l’ouvrage se penche, généralement sur une demi-douzaine de pages à chaque conflit sur le rôle des blindés en 1916 et 1917 puis durant la guerre d’Espagne, le front de l’Est entre 1941 et 1945, la campagne d’Italie de 1943 à 1945, les invasions japonaises dans le sud-est asiatique et en Mandchourie, la guerre de Corée, les guerres entre l’Inde et le Pakistan en 1948, 1965 et 1971, les conflits menés par Israël en 1956, 1967 et 1973, la guerre entre l’Irak et l’Iran des années 1980, les combats en Indochine des Français et Américains, en Afghanistan avec les armées russes, les guerres du Golfe en 1991 et 2003.
Un chapitre est consacré à l’évolution technique des blindés et leur avenir. On relèvera cette phrase assassine :
« pour le prix d’un char, une armée pourrait s’offrir dix mille lance-roquettes, dont un seul, bien utilisé, peut détruire un char » (page 342).
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