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L'ennemi au cœur du politique

L'ennemi au cœur du politique
L'Harmattan161 pages
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Avis de Alexandre : "Plutôt se passer du sucre de Damas, que de voir la tête de l’Arabe (proverbe russe)"

L’ancien premier ministre Jean-Pierre Raffarin assure la préface. Il a été l’élu d’une région, le Poitou, où on a en particulier vu en 732 Charles Martel qui arrêtait une armée qui combattait au nom du califat omeyade, de nombreuses batailles de la Guerre de cent ans et des Guerres de religion, plus une armée contre-révolutionnaire affronter les soldats de la République. Dans son texte, Jean-Pierre Raffarincite Alain Coldefy à qui on doit cette formule : « il n’y a plus de menaces aux frontières, il n’y a plus de frontières aux menaces ». Il remarque que Jacques Beauchard exprime l’idée que : « la  dynamique  de l’ennemi-criminel terroriste et de surcroît millénariste, traverse l’espace mondial et tout en même temps porte atteinte au plus proche, au plus intime, touche à un rapport à notre mort et à la fin des temps, ce qui met en cause notre civilisation ». Pour notre ancien premier ministre, le rôle du politique doit « prévenir l’hostilité. Il le fait en désamorçant les conflits, en résolvant les problèmes, en animant la comptabilité civique de tous, en organisant des synergies. Mais désormais il lui faut de sur croît fonder toutes ces vertus qu’on attend de lui sur une visée plus haute et plus profonde à la fois : la consolidation de la paix comme fondement des sociétés humaines ».  

Jacques Beauchard analyse l’ouvrage de Jean-Yves Le Drian intitulé Qui est l’ennemi ? ; progressivement, la seule violence jugée légitime était devenue celle des États et un pays n’avait plus que des ennemis extérieurs, toutefois on alla vers la guerre totale. Toutefois les actions de guérillas se plaçaient bien en marge des guerres conventionnelles et Daesh s’inspire pour partie de cet héritage. Se pose avec cette dernière organisation, la définition de l’ennemi.

Jacques Beauchard évoque également le contenu de l’ouvrage Qui est l’ennemi d’Alain Bauer. Ici est posée la question de la gradation vers la radicalisation islamiste. Au chapitre IV, Jacques Beauchard avance que délinquance, troubles psychiques et contagion islamique débouchent sur un engagement terroriste autonome et individuel.

D’un autre côté il y a danger qu’après le noble et le juif, le musulman ne devienne a priori l’ennemi. « Daech finira par perdre, mais l’annonce d’une Révolution nationale anti-musulmane pourrait être la manifestation de sa victoire avant sa disparition. Cette victoire sera aussi le triomphe d’acteurs politiques fascinés par la conquête du pouvoir pour le pouvoir » (page 55).

En nous désignant comme ennemi, Daech nous oblige à réfléchir autour d’une mystique religieuse qui est eschatologique. Dans la suite de l’ouvrage on relève :

« À l’inverse de l’idée européenne de communauté, comme unité hétérogène et faible, nous butons sur l’unité communautaire forte, solidaire, ancrée dans la fraternité, la communion et le martyre » (page 75).

Les chapitres VIII et IX se nomment "Hostilité et unité politique" puis "Mieux comprendre la politique pour mieux lutter contre le terrorisme". Les derniers chapitres s’intitulent : "Vagues islamistes et crises de l’identification politique", "L’ennemi instrumentalisé", "La bataille de Mossoul",  "La dynamique de l’ennemi", "La guerre mondiale", "Jérusalem : la paix impossible", "Parler avec l’ennemi".

On peut penser que tant que le problème de la Palestine et des rivalités diverses au Proche-Orient auront cette acuité, les états occidentaux continueront à être le terrain de jeu du terrorisme. La façon dont réagiront les démocraties face aux dangers est un enjeu de civilisation.      

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

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