Avis de Zaynab : "Si tu veux la paix, prépare la paix"
Dans son introduction, Erhan Turgut parle d’ennemi héréditaire et on pourrait dire que la France a cru en avoir successivement deux (l’Angleterre puis l’Allemagne), ce qui surprendrait bien les jeunes Français d’aujourd’hui. Il ajoute que d’ailleurs la publicité nous vante la paix et la fraternité pour faire vendre. Les citoyens des sociétés occidentales se moquent assez des conflits qui agitent le reste du monde, à moins que leurs conséquences ne leur retombent sur le nez (comme le conflit entre Israël et les Palestiniens ou la Syrie) ou alors qu’ils ne soient vraiment proches de leur territoire (ce fut le cas avec la Bosnie).
Lionel Ray a sélectionné des poèmes sur le sujet et ceux-ci sont largement illustrés par des images de conflit. Depuis la Guerre de Crimée, le document photographique a progressivement remplacé la création picturale et depuis la Seconde Guerre mondiale le film est largement utilisé pour rendre compte d’un conflit. On ouvre, dans la première partie intitulée "Poésies du monde. Photographies insolites de guerre" sur une image de la Guerre de Crimée auquel fait face un poème de Victor Hugo tiré des Contemplations. Comme le plan est chronologique, on ne sera pas surpris de découvrir ente autre un peu plus loin une photographie évoquant la Guerre de Sécession et le poème Le dormeur du val d’Arthur Rimbaud.
On est heureusement étonné de voir que sont évoqués des conflits qui sortent de ceux qu’a connus l’Europe occidentale ; on a ainsi un poème japonais renvoyant au conflit russo-japonais du tout début du XXe siècle, des photographies évoquant les Guerres balkaniques et un texte d’un Vietnamien. Les guerres civiles, comme celles qui frappèrent la Russie, l’Espagne ou le Liban, tout comme nos guerres coloniales, ne sont pas oubliées. Le choix des photographies relève généralement d'une exceptionnelle originalité pour coller au mieux aux évènements évoqués; on a ainsi un cliché où on voit le révérend-père Ricoeur, ayant revêtu la tenue de déporté, qui célèbre en juillet 1945 une messse place du Trocadéro ou plus anecdotique un soldat français en 1917 en Macédoine qui se protège dans le creux d'un arbre pour lire son courrier. Des images et des poèmes en rapport avec les génocides sont proposés ; on retient en particulier sur le sujet "Le crépuscule de Fossoli" de Primo Levi.
Une petite seconde partie présente des poèmes écrits par des personnes qui ont fait la guerre ou ont servi dans les services auxiliaires (par exemple comme infirmier). On relève là, dans le lot, un écrit de Berthold Brecht et un d’Antoine Vitez. Une douzaine de pages présente des citations et des proverbes autour de la paix et de la guerre ; ces phrases sont classées selon l’ordre alphabétique du nom de famille de l’auteur et les trois premières citations sont d’Alain, Apollinaire et Aragon. Les six derniers proverbes proviennent des littératures hongroise, congolaise, serbe, slovaque, thaïlandaise et turque.
Une dernière partie traite de l’histoire des mouvements pacifistes et de celle du symbole de la colombe. On apprend que le premier traité de paix connu est celui de Qadesh qui, en 1278 avant Jésus-Christ, met fin à une guerre entre Hittites et Égyptiens. Chaque période historique est illustrée par quelques noms (sauf pour la période médiévale). On découvre que Benjamin Constant, François Guizot et Alphonse Lamartine étaient inscrits dans le même mouvement pour la paix. Pour le début du XXe siècle, on devait bien sûr trouver Bertha von Suttner, Frédéric Passy et Jean Jaurès. Les annexes proposent une biographie courte des auteurs cités, la liste des lauréats pour la paix et celle des congrès pacifistes mondiaux, une présentation de noms de mouvements pacifistes actifs au XXIe siècle.
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