Avis de Octave : "Dieu se rit des hommes qui déplorent les effets dont ils chérissent les causes"
Comme d’autres, nous avions souligné, avec notre présentation de l’ouvrage "Engagés volontaires à la Légion étrangère pour la durée de la guerre (EVDG) : 1870-71, 1914-18, 1939-45", qu’avoir été officier ne faisait pas ex-nihilo de vous un historien militaire surtout si, en plus même à la retraite, on gardait des habitudes de la Grande muette en évitant soigneusement d’évoquer des actions peu glorieuses commises par des gradés.
On ne peut que se réjouir que ce soit l’ancien conservateur du Musée de la Légion étrangère d’Aubagne qui prenne la plume et qu’il ait fait un travail sur les archives. Par contre une "Histoire de la Légion étrangère" qui commence et s’arrête au règne de Louis-Philippe, n’est évidemment qu’un récit de ses origines et on peut regretter le choix du titre retenu. Par contre on a maintenant un livre de référence, très accessible aux béotiens, sur les débuts de la Légion. Emilio Condado Madera a déjà écrit à propos de l’histoire de la Légion pour d’autres périodes, aussi on pourra se reporter à certains de ses ouvrages pour connaître certains aspects de l’histoire de ce corps.
L’ouvrage démarre sur un tableau utile et critique du régime de Louis-Philippe ; il est assez intéressant de vois que l’adoption définitive du drapeau tricolore va avec la dissolution des derniers régiments étrangers (composé de Suisses). Par ailleurs Emilio Condado Madera souligne l’importance des réfugiés étrangers pour raisons politiques en France, ce sont des individus ou des familles espagnoles, portugaises, polonaises, allemandes ou italiennes. Parmi les hommes un grand nombre ont participé soit à des soulèvements nationaux soit à des conflits relevant de la guerre civile. D’ailleurs si certains soutenaient les idées politiques libérales face au conservatisme dans certains pays, d’autres au contraire entendaient défendre des droits, liés aux traditions, battus en brèche par le libéralisme cette fois économique. Bref leur point commun est d’avoir été dans le camp des vaincus.
C’est justement le ministre de l’Intérieur Camille de Montalivet qui souffle au maréchal Soult ministre de la Guerre, l’idée de la création de la Légion étrangère. L’idée est donc de transformer le plus grand nombre de réfugiés aidés financièrement par la France en des soldats percevant une solde avec la perspective d’en envoyer un certain nombre pour assurer la conquête de l’Algérie (ce qui a de plus l’avantage d’éloigner de métropole des personnes sachant manier les armes). On va par prudence demander aux futurs légionnaires de jurer fidélité au régime et à Louis-Philippe en particulier.
On suit les débats parlementaires qui touchent à la création de la Légion, on connaît bien les dépôts qui lui sont attribués car des chapitres spécifiques leur sont consacrés (ils sont souvent dans l’est, mais aussi à Avignon et Alger). Sont présentés ensuite les bataillons qui réunissent des militaires d’ensemble géographique homogène, on a d’ailleurs prévu que jusqu‘à 40% des officiers pouvaient être étrangers afin de pouvoir répercuter les ordres aux sous-officiers et hommes de troupe. Successivement. On a les soldats germaniques, ibériques, italiens, belges et hollandais réunis,, polonais.
Sont ensuite évoquées les premières opérations : la conquête de l’Algérie et les conditions de l’engagement en Espagne en 1835 de légionnaires pour soutenir la reine Marie-Christine face aux carlistes. Sous la Restauration, la cadence du pas des régiments reste lente, en particulier au régiment étranger de Hohenlohe, ancêtre de la Légion, ce rythme est conservé dans ce qui constitue aujourd'hui le pas spécifique de la Légion. Ceci explique pourquoi les légionnaires sont toujours les derniers dans un défilé inter-armes.
Pour connaisseurs Aucune illustration Plan chronologique
de la Légion étrangère (1831 à nos
jours). Mythes et réalités (1ère partie).
Vendredi 1er avril (mêmes horaires) :
Histoire de la Légion étrangère (2e partie)
Université ouverte de Franche-Comté
(Conférences du Ltn C. Lafaye au premier
semestre 2016 Faculté de lettres, amphithéâtre Petit, rue Mégevand, Besançon)