Avis de Adam Craponne : "Voir et complimenter l'armée française"
L'ouvrage reprend une citation de Churchill qui dit que l'armée française est celle qui a remporté le plus de victoires militaires du Moyen Âge à nos jours. Un lecteur perfide pourrait penser que c'est également celle qui a subi le plus de défaites durant la même période. Avec un titre comme "Éloge de l'armée française", on s'attend à un discours apologétique et sur ce point on ne sera pas déçu. Les limites de l'ouvrage en découlent et on aimerait bien savoir par exemple pourquoi du Guesclin et Jeanne d'Arc doivent reconquérir tant de territoires perdus, c'est-à-dire nous voir expliquer les raisons de certaines défaites françaises.
Une impasse totale est faite sur la Guerre de 1870. On se demande d'ailleurs lorsqu'on évoque en passant une défaite si celle celle-ci ce ne serait pas finalement un match nul avec une domination française globale (voici le commentaire qui suit la mention de la bataille de Diên Biên Phu) : « Au final, on arrive à statu quo identique à la situation de 1945, où l'Indochine communiste reste cantonnée au Nord, tandis que le Sud bénéficie du soutien occidental. Le général Giap n'est pas parvenu à chasser les Français de toute l'Indochine, il a subi de nombreux revers contre les troupes françaises, avec des pertes deux à trois fois plus élevées, et se retrouve avec une armée fortement diminuée » (page 141) D'ailleurs les militaires français ne perdent jamais une guerre au XXe siècle, ce sont les hommes politiques et les diplomates français qui les perdent : « en Algérie, avec une victoire militaire française incontestable sur le terrain et une défaite politique et diplomatique par la suite » (page 141) Ce à quoi, on opposera ce mot d'André Frossard (journaliste catholique) : «Quand on ne peut plus se maintenir dans un pays colonisé que par les tortures et les fusillades, c'est que l'histoire vous a signifié votre congé...»
Par ailleurs tout est interprété a priori sur le fait que la valeur supérieure des armées françaises fait consensus en tout lieu et toute époque. Ainsi page 37 si les armées anglaises veulent se rendre c'est évidemment, lors de la Guerre d'indépendance des États-Unis, aux généraux français (ici le comte de Rochambeau) véritable stratège et pas à ces incompétents d'officiers américains. L'idée n'a pas traversé l'auteur que ce qui répugne les officiers anglais dans l'Américain ce n'est en rien l'officier mais l'insurgé au trône britannique...
Cet ouvrage est intéressant pour ceux qui veulent se sentir conforter dans l'idée qu'il faut avoir foi dans l'image éminemment glorieuse de l'armée française. À sa lecture, il est intéressant de connaître certaines informations chiffrées comme par exemple l'évaluation des morts sous les guerres révolutionnaires et impériales entre 1792 et 1815: 800 000 Français (originaires de l'hexagone), 200 000 alliés de la France (par exemple Belges et Saxons) face à 2 112 000 ennemis (dont 600 000 Russes).
Pour tous publics Quelques illustrations Plan autre