Avis de Adam Craponne : "Le prénom français 没你傻 (Mélissa) sert aujourd’hui en Chine à faire remarquer à son interlocuteur qu’il y a plus intelligent que lui"
Il s’agit des actes d’un séminaire France-Chine : connaître et reconnaître qui s’est tenu à Canton du 6 au 8 juin 2014, ceci à l’occasion du cinquantenaire de la reconnaissance par la France du régime communiste de Pékin comme le seul et unique représentant de la Chine. Jusqu’àlors c’est le régime nationaliste de Tchang Kaï-chek (蒋介石 Jiǎng Jièshí) qui représentait le peuple chinois aux yeux de Paris. Il est question de la France première puissance occidentale à reconnaître la Chine communiste et je ne comprends pas que, dans un ouvrage comme celui-ci, la quatrième de couverture rapporte une telle chose. En effet, c’est évidemment le Royaume-Uni qui, ayant entre autre peur que le nouveau régime ne s’empare de Hong-Kong, début janvier 1950 fait le premier pas.
Le premier chapitre traite des nuances à apporter entre "connaître" et "reconnaître", le second de l’histoire des relations sino-françaises, le troisième des représentations, la quatrième des relations interculturelles, le cinquième de l’adaptation culturelle, le sixième de la formation et de l’enseignement, le septième de la culture, du management et du commerce, le huitième de la question de la norme ISO 9000 en Chine (norme relative au management de qualité), le neuvième des entreprises européennes en Chine et inversement des entreprises chinoises en Europe et le dixième de l’évolution de la société chinoise.
Le premier texte évoque les sens de "connaître" et "se connaître" en français, les traductions de "connaître" et "savoir" en chinois et quelques expressions tant en français qu’en chinois qui renvoient à des stéréotypes comme "des chinoiseries" ou en chinois "法国大餐" fàguódàcān (et non fàguódàcāng) qui littéralement signifie "un repas français" mais désigne de façon imagée quelque chose de bon mais difficile à avoir tous les jours. Le second texte évoque la sinologue Lisa Brenner morte en 2007 qui avait entre autre commenté la collection de peintures du port de Canton au XVIIIe siècle conservée au musée Dobrée de Nantes (voir à ce propos selon nous des reproductions qui en sont faites dans La Soie & le Canon: France-Chine 1700-1860). Kuai Ja réfléchit à partir des idéogrammes qui servent à désigner les peuples français et chinois sur les conceptions taoïstes du "vide médian" et des "souffles" selon François Cheng.
Canton au début du XVIIIe siècle (image absente de l'ouvrage)
On passe ensuite au second chapitre avec deux textes autour de la conception du président Charles de Gaulle des relations franco-chinoises, une contribution sur la ferveur pour la Chine en Europe occidentale au XVIIIe siècle (voir également à ce propos La Soie & le Canon: France-Chine 1700-1860), une à propos de la maison d’édition Le manuscrit qui a l’interculturalité au cœur et une dernière sur la présence en Chine de l’Agence universitaire de la Francophonie.
Le troisième chapitre interroge sur l’évolution entre 2000 et 2010 de la vision des Européens qu’ont pu avoir les Chinois puis sur la notion de romantisme français pour les habitants du Pays du milieu, sur cette fois les représentations de la Chine chez les Français de notre époque qui vivent ou ne vivent pas en Chine.
Le quatrième chapitre traite des différences culturelles entre les Occidentaux et les Chinois autour des notions d’individualisme et du collectivisme, de stratégie langagière dans les deux langues pour par exemple une formulation de demande ou de réponse à un compliment, l’argumentaire du détour dans la réponse faite par des Chinois, les stratégies argumentatives en français en se basant sur le débat télévisé entre N. Sarkozy et F. Hollande de 2012, les rétroactions langagières dans des dialogues en Français et Chinois.
Le cinquième chapitre présente des communications qui ont pour titre respectivement : Participation en classe et valeur de parole dans l’enseignement chinois et français, L’intégration et la communication interculturelle des étudiants ingénieurs chinois dans les Universités de Technologie en France.
Le sixième chapitre traite de l’interculturel franco-chinois dans le management, puis de l’approche du contexte culturel dans l’enseignement de la littérature française auprès d’étudiants chinois, de la dimension interculturelle dans l’enseignement du FLE à des étudiants chinois.
Le septième chapitre évoque les conflits et les suggestions pour les réduire ou les éviter quand un groupe de Français travaille avec un groupe de Chinois, la question de l’incertitude de l’environnement économique due aux interactions, la gestion des ressources humaines dans les entreprises françaises implantées en Chine, l’importance de l’anglais dans le commerce bilatéral entre la Chine et les pays occidentaux.
Le dixième chapitre présente des textes ayant respectivement pour sujets d’étude : l’émergence de la classe moyenne chinoise, la mémoire collective et la mémoire individuelles des années courant de 1978 (réformes économiques lancées par Deng Xiaoping) à la fin des années 1980, les mots en vogue chez les étudiants chinois d’aujourd’hui (largement piochés dans l’univers des blogs sur internet, des feuilletons télévisés, des films, de la chanson d’une part et par ailleurs ayant largement trait avec en particulier la nourriture et les relations interpersonnelles), les pratiques corporelles mises en scène et enfin le Rêve chinois (comprendre les objectifs sociétaux) tel qu’il est distillé par les autorités gouvernementales et la réception qui en est faite par les habitants de l’Empire du milieu.
Pour connaisseurs Aucune illustration
https://www.20minutes.fr/insolite/1587547-20150415-chine-village-rebaptise-nom-francais
En savoir plus sur https://www.sortiraparis.com/actualites/nouvel-an-chinois/articles/134747-nouvel-an-chinois-2019-au-centre-de-culture-chinoise-les-temps-du-corps#TeqrOTmuJhMt8VwD.99
http://french.peopledaily.com.cn/Culture/n3/2019/0326/c31358-9560779.html
https://www.courrierinternational.com/article/opinion-la-chine-exerce-une-pression-inadmissible-sur-les-chercheurs-et-le-savoir