Avis de Alexandre : "50 questions pour comprendre un conflit où le fossé n’a jamais été aussi profond entre deux communautés"
Thomas Snéganoff présente C politique sur France 5 et Le Grand Face-à-face sur France inter et Vincent Lemire est un universitaire à qui on doit plusieurs ouvrages en particulier autour de l’histoire de Jérusalem. Cet ouvrage sort peu de temps avant que ne soit commémoré la Nakba le 15 mai, lendemain de l’expiration du mandat britannique pour se rappeler de la destruction de la société arabe qui s’en suivit.
Il s’agit ici de commenter des textes, des cartes et des infographies autour du conflit palestino-israëlien. On démarre avec un chapitre sur l’utopie sioniste où est proposée la carte des pogroms dans l’empire russe, si ceux-ci ont pour l’essentiel lieu dans la zone de résidence imposée aux juifs par Catherine II (l’espace couvrant les actuelles Lituanie, Biélorussie, Ukraine, Moldavie et la partie russe de la Pologne), certains ont lieu hors de ces endroits car les juifs pouvaient bénéficier de résider ailleurs selon certaines professions ou parce que certaines villes leur étaient ouvertes temporairement.
Les auteurs signalent que, dès la fin du XVIIe siècle, certaines Églises protestantes encouragent les juifs à retourner en Palestine. Lorsque Bonaparte fait la conquête de l’Égypte une rumeur, rapportée dans certains journaux, informe que c’est pour restaurer un royaume juif. Lorsque Herzl expose son projet sioniste, il n’y a que 5% de juifs en Palestine.
Le second chapitre traite des conséquences de la Première Guerre mondiale. Le mandat confié aux Anglais sur la Palestine est dè le départ porté par deux objectifs contradictoires : favoriser la venue de juifs et préserver les intérêts des communautés non israélites. En 1945 la proportion de juifs est passée à 30%.
La troisième partie est consacrée aux partages de la Palestine et à la Nakba. Il est noté que si le drapeau israélien a une connotation religieuse par son étoile de David par contre le drapeau palestinien perd son croissant pour l’OLP en 1964.
Le chapitre suivant évoque la Guerre des six jours et aux évènements en prolongement. Les derniers chapitres tournent l’un autour des soulèvements et négociations qui démarrent à la fin des années 1980 puis de la période de chaos de 2007 (année où le Hamas prend le pouvoir à Gaza) à nos jours. On y relève ceci : « il y a aujourd’hui 700 000 colons en Cisjordanie et à Jérusalem-est, c’est-à-dire cent fois plus que les colons évacués à Gaza en 2005 ! Vu la force qu’il a fallu déployer à l’époque, le choix d’un démantèlement volontaire et unilatéral des colonies par l’État d’Israël apparaît désormais impraticable » (page 120). On termine avec des tableaux montrant les proportions respectives de juifs et d’Arabes en Israël, Jérusalem et Cisjordanie plus le nombre de réfugiés palestiniens à l’étranger. On découvre ainsi que les juifs sont quatre fois plus nombreux que les Arabes en Israël, que les premiers sont légèrement majoritaires à Jérusalem alors que les Arabes sont environ douze fois plus nombreux que les juifs en Cisjordanie.
Des extraits de texte sont proposés, ils sont toujours très éclairants. Les documents phare sont les échanges en français, durant l’année 1899, entre Yussuf Ziya al-Khalidi député de Jérusalem (dont il avait été auparavant maire) et Theodor Herzl. Ce dernier rassure rassure l’élu musulman et lui prédit que les juifs qui s’installeront en Palestine (mot qu’emploient les deux interlocuteurs) seront d’excellents frères pour les indigènes, de plus les Arabes profiteront de la manne financière qu’apporteront les juifs.
Ponctuellement on trouve des portraits d’hommes clés d’une époque apparaissent comme Vladimir Jabotinsky né à Odessa et envoyé en 1909 par le mouvement sioniste pour devenir journaliste. Il part à Londres pour créer une Légion juive qui combat à Gallipoli, lui-même est lieutenant dans un régiment anglais qui fait la conquête de la Palestine. Il crée un parti politique qui revendique un état juif, d’idéologie économiquement libérale, des deux côtés des rives du Jourdain. Expulsé de Terre sainte en 1929, il rejoint New York où, pour continuer ses actions sionistes, il a comme secrétaire le père de Benyamin Netanyahou, peu avant de décéder en 1940. On a évidemment entre autres la biographie condensée de Moshe Dayan et de Yitzhak Rabin.
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