Avis de Benjamin : "Quand les lumières des bûchers éclairaient les actions de l’Église"
Il s’agit bien ici d’"Histoires de l’Inquisition" et non d’une "Histoire de l’Inquisition", Rémy Bijaoui a choisi neuf affaires courant du XIIIe au XVIIIe siècle. L’Inquisition, créée au début du XIIIe siècle, est supprimée au début du XIXe dans les derniers pays (hors les États du pape, où elle a été réformée en deux étapes se nommant "Sacrée congrégation du Saint-Office" en 1968 et aujourd’hui la "Congrégation pour la doctrine de la foi". L’usage de la torture pour faire passer aux aveux court de 1252, où le pape Innocent IV l’autorise, et perdure jusqu’à la fin du XVIIIe siècle.
Ici on voit l’Inquisition se manifester tout d’abord autour du bûcher de Montségur allumé pour les derniers Cathares. Par un saut d’environ deux cent ans, on se retrouve à Arras pour une affaire de sorcellerie très représentative. Au milieu de l’ouvrage la chasse aux sorcières et les procès qui s’en suivent constituent en soi un sujet à lui tout seul. Le livre ne le signale pas, mais ce phénomène existe également en milieu protestant et la dernière sorcière a être brûlée le fut dans un canton calviniste dans les années 1780.
J’ai été surpris de me retrouver ensuite à Florence auprès de Savonarole en 1497, car un procès de l'Inquisition est mené contre lui par les Dominicains, alors que lui-même est dominicain.
En arrêtant en 1559 l’archevêque de Tolède Don Bartholomé Carranza de Miranda, l’Inquisition montre que tout puissant peut être sujet à de l’attention de l’Inquisition. Il est vrai que la période est à l’éradication de toute velléité de développement du protestantisme en Espagne. L’évêque retrouve sa liberté après dix-huit de prison, grâce à diverses interventions des papes qui se succèdent. On voit donc ici que la machine s’est emballée et a échappé des mains des successeurs de son créateur (à savoir Grégoire IX).
D’autres affaires intéressantes sont présentées par Rémy Bijaoui et il a gardé le meilleur pour la fin. Il faut dire que c’est aussi le dernier sujet du point de vue chronologique puisque l’action démarre en 1673 à Goa ville portugaise de l’Inde et concerne un médecin français Charles Dellon. Celui-ci racontera lui-même ses quatre années de mésaventures dans les mains de l’Inquisition pour avoir douté de l’aspect sacré de certains objets employés par l’Église.
Le récit est très fluide et bien contextualisé, il est dommage que les illustrations se limitent à un tableau pour la première et quatrième de couverture. Pour cette dernière, reproduite ici, il s’agit de l’œuvre de Jean-Paul Laurens "Les Hommes du Saint-Office" (datant de 1889), propriété du Musée Anne de Beaujeu à Moulins.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations