Avis de Adam Craponne : "Ne pas confondre The gay twenties avec The twenty gays"
Paru à l’origine en 1996 chez Aubier, cet ouvrage a été réédité deux fois par Flammarion et avec l’édition de 2015 le récit court jusqu’aux dernières élections aux communes qui se sont déroulées le 7 mai 2015. Il s’agit bien de l’histoire de l’Angleterre et pas celle des îles britanniques, d’ailleurs les questions irlandaise et écossaise ne sont quasiment traitées que dans un chapitre de la seconde partie intitulé "Vers un royaume unifié (1603-1800) ".
L’ouvrage après deux pages de données géographiques, où l’on apprend en particulier qu’Albion tire son nom d’un mot signifiant "île blanche" (du fait de la vue des blanches falaises crayeuses d’une partie de ses côtes), évoque rapidement la Préhistoire puis passe quasi directement à la période romaine disant un mot sur Boudicca (ou Boadicée) page 22, on est surpris de lui voir écrire que ce Vercingétorix anglais de sexe féminin ait pu ne pas exister (page 22).
Philippe Chassaigne a divisé son ouvrage en quatre parties de taille sensiblement égales: "À la périphérie de l’Europe (des origines à 1558)", "La gestation d’une grande puissance (1558-1815) ", "L’hégémonie mondiale (1815-1914)", "Une puissance de rang moyen (de 1914 à nos jours)".
La partie où l’auteur s’attache le plus à l’analyse est certainement celle qui court de la chute de Napoléon à l’entrée en guerre du Royaume-Uni à l’été 1914. À cette époque, l’Angleterre est non seulement une thalassocratie mais elle est présente sur tous les continents non sous forme de comptoirs mais par de vastes espaces, dont le plus grand en continu est l’Empire des Indes. En effet en Afrique le Tanganyika allemand l’empêche de relier le Soudan et l'Afrique orientale britannique (le Kenya et l’Ouganda d’aujourd’hui) à la Rhodésie.
Non seulement l’Angleterre est une puissance commerciale de premier plan mais elle est aussi un modèle d’industrialisation pour les autres puissances. Elle est aussi un modèle social et par exemple ce n’est pas pour rien que l’on envisage sur le continent d’obtenir ce que l’on nomme "la semaine anglaise" pour ne plus travailler le samedi.
Philippe Chassaigne analyse ce qui a permis l’essor industriel : une position de carrefour maritime dans l’Atlantique Nord, une importante des ressources en charbon, une croissance démographique (l’Angleterre multiplie par quatre sa population entre 1801 et 1901) gage d’une main-d'œuvre abondante et assurance d’un important marché intérieur, une création considérable de machines et techniques (locomotive, batteuse à vapeur, moissonneuse, colorants de synthèse, pneumatique en caoutchouc) pour augmenter la productivité, une confiance en des banques qui se sont largement développées.
"Histoire de l’Angleterre des origines à nos jours" est un excellent ouvrage de synthèse qui aurait gagné proposer quelques cartes supplémentaires. Son index des noms propres (lieux et personnes) et sa bibliographie s’avèreront fort utiles.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations