Avis de Ernest : "Une mémoire trop arrimée?"
Matthieu Dussauge est le conservateur du musée départemental Victor Schœlcher à Point-à-Pitre, il a assuré la direction de la rédaction des Actes du colloque tenu en décembre 2014 à à Fort Fleur d’Epée du Gosier en Guadeloupe. Cet évènement avait pour but de mettre en valeur le projet, couronné par le label "Site de mémoire associé au Projet La Route de l’Esclave de l’UNESCO", du Conseil général "Route de l’esclave. Traces-mémoires en Guadeloupe", et inauguré à cette occasion.
On a compté près de quarante interventions dont celle d’Ali Moussa Iye, responsable du projet "La Route de l’Esclave" à l’UNESCO. Ce projet, qui implique trois continents, se décline en trois objectifs : travaux d’éducation et d’enseignement, promotion du patrimoine commun immatériel des peuples que la traite a forcé à vivre ensemble dans des sociétés plurielles, mémoire de l’esclavage et de la diaspora. Jean-François Niort, maître de conférences à la faculté de droit de l’UAG, s’est ensuite intéressé au Code noir et à ses différentes versions. Il a rappelé que Le Code noir est l’appellation qui a été donnée au début du XVIIIe siècle à l’édit de mars 1685 et a levé un certain nombre d’affubulation au sujet de son contenu, comme cles du droit de torture et de mise à mort d’un esclave par son maître (page 80). Il a également évoqué sa découverte de du manuscrit original contenant l’arrêté du 16 juillet 1802 de Bonaparte qui rétablit l’esclavage en Guadeloupe.
Jérôme Rouquet, en compagnie de deux autres personnes, a évoqué les cimetières d’esclaves en Guadeloupe et en particulier l’’érosion marine sur le littoral de Saint-François (côte sud de la Grande-Terre) sur la plage des Raisins clairs qui détruit progressivement un cimetière d’époque coloniale de ce type. Nathalie Serrand a évoqué les fouilles d’archéologie préventive à Poty-Louis en Guadeloupe qui en 2013 ont mis à jour des restes de petites constructions sur poteaux et d’éléments de maçonnerie des XVIIIe et XIXe siècles qui s’étendent sur près d’un hectare et demi. Ces éléments retrouvés permettent d’approcher ce que pouvaient être des logements d’esclaves.
Yvon Chotard est président de l’association “Les Anneaux de la Mémoire”, devenue internationale en 2005, elle trouve ses origines dans une association nantaise éponyme créée au tout début des années 1990 à Nantes. Il a rappelé que Nantes fut au 18ème siècle un des principaux ports négriers d'Europe. L‘exposition "Les Anneaux de la Mémoire" a été présentée au Château des Ducs de Bretagne de Nantes, entre décembre 1992 et mai 1994 et a accueilli plus de 400 000 visiteurs. Plus récemment, en mars 2012, le Mémorial de l’abolition de l’esclavage a été inauguré à Nantes.
Philippe Pichot est le coordonnateur de la Route des abolitions dans l’Est de la France qui parcourt les anciennes régions de Franche-Comté, Lorraine, Bourgogne et Alsace. Elle a pour étapes Champagney (du fait du contenu du cahier de doléances de cette paroisse en 1789), le fort de Joux (où Toussaint Louverture décéda en avril 1803), Emberménil (dont un des curés fut l’Abbé Grégoire qui lutta pour l’abolition de l’esclavage), Chamblanc (où passa son enfance Anne-Marie Javouhey, missionnaire en Guyane de 1828 à 1853 où elle libéra de nombreux esclaves), et Fessenheim (où naquit le père de Victor Schœlcher).
D’autres interventions ont permis d’en savoir plus sur les mémoires de l’esclavage dans d’autres petites Antilles, en Haïti, au Brésil, au Pérou, au Congo.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations
http://geopolis.francetvinfo.fr/memoire-de-l-esclavage-ne-pas-oublier-la-mauritanie-ou-se-perpetue-le-fleau-142853
https://www.20minutes.fr/societe/2515007-20190510-esclavage-france-encore-mal-considerer-esclavage-fait-partie-prenante-histoire