Avis de Benjamin : "Ne pas confondre libertarien et libertaire"
Il me semble que le titre est déjà en soi un oxymore. Ce Manifeste du Parti anarchiste est en fait un objet littéraire « pour un parti qui n’existe pas et n’exister jamais par principe « pour une époque faite de l’ère numérique où les gens nagent dans un océan de décombres nihilistes ».
L’auteur a construit son récit comme une suite d’éléments de biographie sur lui et sa famille. Léo Scheer est né le 29 mai 1947 dans le camp de réfugiés de Pöcking au sud de Munich. Ses parents habitaient à Cracovie avant 1939, et son père était là tailleur. En 1941 ils sont à Kiev ; l’opération Barbarossa les amène à fréquenté un camp soviétique en Sibérie puis à habiter en Ouzbékistan. Brièvement de retour en Pologne fin 1945, ils comptent partir pour les USA mais finalement s’installent à Paris.
Son père lui évoque la vie de Sabbataï Tsevi qui vécut dans l’Empire ottoman au XVIIe siècle ; se présentant comme le Messie, il fut reconnu en tant que tel par certains juifs non seulement du Proche-Orient mais aussi de l’Europe orientale. Pour notre auteur, la remise en cause par les partisans de ce Messie d’un très grand nombre d’interdits religieux juifs déboucha sur un Mai 68 avant l’heure. Sous la menace il se convertit à l’islam et meurt au Monténégro en 1676.
Léo Scheer étudie à la Sorbonne où il prépare sa licence de sociologie durant l’année 1967-1968 ; il participe aux évènements qui secouent la France à la fin de cette année universitaire. Notre auteur disserte sur divers sujets comme l’actuelle guerre en Ukraine ou le mouvement des Gilets jaunes. De 1969 à 1980, il participe au programme interministériel de recherche en sciences sociales dont la création est due à André Bettancourt chargé du Plan et de l'Aménagement du territoire dans le gouvernement Chaban-Delmas qui entend faire la promotion d’une Nouvelle Société. Bien d’autres passages intéressants de l’ouvrage sont à découvrir, on verra notamment comment et pourquoi Léo Scheer devient éditeur. Il a d’ailleurs édité un grand nombre d’ouvrages écrits par Nathalie Rheims qui est son épouse.
Notons sa reprise (page 78) sans précaution du fameux « Arrêtez d’emmerder les Français », formule rapportée en 2000 par Thierry Desjardins en la présentant comme un propos que lui aurait dit Jacques Chirac qui n’était pas à forger une citation de plus ou de moins, surtout de quelqu’un qui était mort depuis une vingtaine d’années.
Pour tous publics Aucune illustration