Avis de Zaynab : "Le chat ouvrit les yeux, Le soleil y entra. Le chat ferma les yeux, Le soleil y resta, Voilà pourquoi, le soir, Quand le chat se réveille, J'aperçois dans le noir, Deux morceaux de soleil (Maurice Carême)"
C’est une bonne part de l’univers culturel autour des chats, tirés de plusieurs civilisations, qui est là exploré. Dans la préface, Jacques Baulande originaire de Gien, professeur de lettres et auteur d’une petite dizaine d'ouvrages (dont le titre Jean- Tiburce Dupont dans les terres d'au-delà dont elle assure l'illustration, l'auteur ayant écrit l’histoire à partir de 23 de ses dessins), écrit : « Son livre est un florilège de telles bizarreries, relevant de la rubrique "incroyable mais vrai" qu’on trouvait autrefois dans ce classique de la culture populaire qu’est encore l’almanach Vermot ». Rappelons d’ailleurs que ce dernier titre va allégrement vers ses 150 années de parution.
Laurence F. Daigneau ne se met pas pour autant dans les bottes de François Augustin Paradis de Moncrif qui écrivit en 1727 un pastiche de la pédanterie intitulé Les Chats, ce dernier contenait huit figures originales du peintre Charles Antoine Coypel. L’auteur se faisait là l’avocat des chats en s’appuyant sur de nombreux témoignages historiques.
Laurence F. Daigneau illustre elle-même, à l’encre de chine, ses textes ; on compte donc là une centaine de dessins. Elle commence par évoquer les statues de chat, datant de l’Antiquité, qui nous sont parvenues. Ceci nous permet de découvrir en particulier qu’en langue égyptienne, le nom du chat approchait le son de l’onomatopée existante en français, à savoir "miaou" (page 16). Toutefois les Grecs et les Romains nommèrent cet animal "felis" ; le mot "chat" provient du bas-latin mais il n’apparu en français qu’à la fin du XIIe siècle soit après le divorce entre Louis VII et Aliénor d’Aquitaine.
C’est d’ailleurs au cours de ce même siècle que se développa progressivement l’idée que les chats noirs étaient des créatures amies du diable. Ceci peut explique que l’épidémie de Peste Noire se traduisit par certains massacres de chats, rendus responsables par certains comme propagateurs de cette épidémie alors que justement en limitant la prolifération des rats ils freinaient le développement de l’épidémie (page 37). Dans le domaine littéraire, on se devait évidemment d’évoquer Céline dont le chat Chidibaroui fit le voyage à Sigmaringen, village de la Forêt Noire où s’étaient réfugiés début septembre 1944 de gré ou de force nombre de personnalités appartenant aux milieux de la Collaboration. Bien entendu ont été cités des chats devenus des personnages célèbres de la fiction, comme le Chat botté ou le chat présent dans Alice au pays des merveilles. Le cabaret du Chat Noir se voit consacré trois pages ; il fut fondé par Rodolphe Sallis en 1881. Pour la période contemporaine, certains liens entre artistes et félins sont présentés ; on trouve là en particulier le sculpteur angevin Gustave Bayol et l’Américain Andy Warhol (pages 61-62).
Certains musées du chat existent dans le monde, ceux du sultanat de Brunei et d’Amsterdam se voient consacrées de nombreuses lignes (pages 102-103). Toutefois on n’a pas mentionné le musée du chat de Richelieu en Indre-et-Loire ; cette implantation est en lien avec le cardinal de Richelieu qui aurait eu quatorze chats ; un tableau, peint par Robert-Fleury et conservé à la Wallace Collection de Londres, le montre caressant un de ces animaux.
Les jeux de mots autour de la syllabe "cha", prétexte d’ailleurs aux ouvrages de toute une série de Stéphanie Dunand-Pallaz et Sophie Turrel paraissant chez Balivernes, sont proposés voir quelques-uns de ces titres là http://monecole.fr/livres/?s=St%C3%A9phanie+DUNAND%20PALLAZ ). L'auteure cite là par exemple "cha-rogne", "cha-sœur ", "cha-teigne", "cha-pelle"(page 117). On peut d’autre part découvrir le nombre impressionnant de proverbes ou d’expressions qui, en français, font allusion au chat (page 113).
Laurence F. Daigneau n’oublie pas d’évoquer le chat dans des cultures non européennes comme celle de l’Amérique précolombienne, rappelant notamment que cet animal a été retrouvé en motif de poterie. Au Japon le Bakaneko peut être qualifié de chat monstre (page 43) et il est représenté sur certaines estampes au cours du XIXe siècle. Chez les bouddhistes du Siam le chat pouvait transporter l’âme du défunt au moment où il venait de mourir (page 50) et la Thaïlande compte un important nombre de poèmes prenant le chat comme motif. Voici un aperçu de la richesse de cet ouvrage, toutefois bien d’autres thèmes sont à découvrir.
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