Avis de Adam Craponne : "Un riche passé dont le souvenir pourrait ne plus se maintenir que par sa folklorisation"
L’ouvrage est sous-titré "Histoire, mode de vie, avenir", les peuples étudiés sont ceux qui habitent entre le sud du 17e parallèle, ligne qui partageait jusqu’en 1975 le Nord-Vietnam et le Sud-Vietnam, et le 11e parallèle qui passe approximativement à la hauteur de Saïgon.
D’après l’auteur, on est dans le domaine d’un climat tropical tempéré (du fait de la hauteur) mais avec « certaines zones très humides au sol spongieux, encombrées de lianes gigantesques, grouillent les sangsues et de moustiques, ce qui rend la progression de l’homme difficile, épuisante et dangereuse » (page 16).
La christianisation de ces régions est chaotique, elle débute timidement avec les franciscains au XVIe siècle, connaît des répressions vers 1846-1847 et 1887-1890 et elle est renforcée par l’apport de chrétiens du Tonkin qui, après les accords de Genève en 1954, fuient le régime communiste qui s’installe.
Le Vietnam d’aujourd’hui compte des minorités qui rassemblent 15% d’ethnies minoritaires, dont celles des hauts plateaux. Ces dernières occupaient le littoral de l’Annam mais ont été refoulés vers l’ouest par les Kinhs (ethnie dominante, à savoir les Viêts). On a deux groupes parmi ces peuples des hauts plateaux : les Môn-Khmers et les Malayo-Polynésiens. Un chapitre entier est consacré aux peurs de ces populations : celle des génies (du fait de l’animisme dominant chez les Malayo-Polynésiens, mais pas chez les Môn-Khmers plutôt hindouistes, bouddhistes ou musulmans), celle des animaux sauvages, celles de l’agression d’autres tribus (avec les razzias qui vont avec), celle de devenir esclave.
Les autres chapitres de la première partie sont consacrés à l’habitat, la tenue vestimentaire et l’apparence physique (tatouage et abrasion des gens en particulier), l’alimentation (à base de riz et maïs), l’organisation sociale, au matriarcat et patriarcat (alternant selon les ethnies), la vie (naissance, maladie, mort), les festivités, les relations commerciales.
La seconde partie s’intitule "Le monde montagnard et l’impérialisme" ; on commence à rappeler que le royaume des Chams, population de langue malayo-polynésienne, a été anéanti par les Viêts à la fin du XVe siècle. Les Chams vont alors se réfugier dans les zones en hauteur auparavant occupées seulement par les populations malayo-polynésiennes. Lors des guerres coloniales ces deux groupes ethniques jouent généralement la carte de la France et celle des USA contre celle du Vietminh, mais n’en connaissent pas moins des mouvements de contestation des autorités. L’économie des régions est bien entendu basée sur l’agriculture (café et thé entre autre) et la forêt, toutefois cette dernière s’est bien modifiée en cent cinquante ans comme il est expliqué (et pas seulement à cause du napalm).
La troisième partie réfléchit sur l’intégration actuelle de ces minorités dans la société vietnamienne. Le développement du tourisme pourrait permettre de maintenir une identité culturelle fort menacée. Nous avons trop regretté souvent l'absence d'illustrations dans un ouvrage chez l'éditeur L'Harmattan, pour ne pas saluer ici la très intessante iconographie avec toujours des photographies couvrant quasiment toute une page.
coup de coeur !Pour tous publics Beaucoup d'illustrations