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Le sabre et le turban

Le sabre et le turban
Cerf210 pages
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Avis de Adam Craponne : "La Turquie: un laboratoire belliciste"

L’ouvrage Le sabre et le turban est sous-titré Jusqu’où ira la Turquie ?. La République turque est née des ruines de l’Empire ottoman où cohabitaient des peuples divers et où on se pratiquaient différents cultes.   

 

L’auteur démarre avec le rappel de la prise de Constantinople en 1453, à la suite de quoi Mehmet s’octroie le titre de Kayser-y-Rum. « Musulman par adoption, l’Empire ottoman est byzantin par substitution ». C’est lorsque la dynamique de la conquête s’essouffle au XVIIe siècle que les sultans ottomans mettent en exergue le titre de calife ; le premier à se proclamer tel avait été Sélim Ier qui s'empare en 1517 des insignes du pouvoir califal détenus au Caire. Le calife abbasside régnant est dirigé vers Constantinople où il meurt en 1543.  Selim Ier est donc le premier des vingt-neuf califes ottomans, le dernier Abdülmecid II est déposé en mars 1924.

 

Dès 1826, avec la boucherie dont sont victimes les janissaires, l’empire ottoman enchaîne les meurtres parmi  plusieurs communautés, la population locale de race turque (et parfois d'une communauté rivale à celle visée) aidant les forces armées dans cette tâche. On sait que le massacre des Arméniens est considéré comme le premier génocide, quoique dans le Sud-Ouest africain allemand la répression des Héréros vers 1905 peut justifier de ce qualificatif. Le poète et sociologue Ziya Gökalp (né le 23 mars 1876) « est l’auteur de la théorie des trois piliers de la sortie de l’Empre : turquiser, islamiser, moderniser » (page 44).

 

Jean-François Colissimo rappelle que depuis 1915 nombre des populations allogènes ont été massacrés ou expulsés, que d’autres n’ont pas d’existence légale (comme les alévis), que des centaines de milliers de Turcs ont été victimes de mesures autoritaires ou d’assassinats pour leurs opinions politiques (en plus de la terreur d’état, on pense spontanément aux actions des Loups gris contre des alévis ou des étudiants par exemple).

 

L’auteur signale les points de convergence dans les politique d’Atatürk et d’Erdogan. Aujourd’hui la politique panturquiste d’Erdogan se manifeste en particulier dans les conflits en Libye, Syrie, Irak et Haut-Karabagh mais également dans l’influence qu’elle entend avoir sur les républiques turcophones d’Asie centrale. Dans sa conclusion l’auteur souhaite que le peuple turc s’émancipe de l’idéologie politico-religieuse qui l’étouffe en réalisant combien est grande et variée la richesse culturelle de la Turquie.   

 

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Adam Craponne

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