Avis de Adam Craponne : "C'qui prouve en tout cas, Jean- Nicolas Stofflet, qu’la Vendée militaire n’est pas morte"
Notre titre est une allusion au refrain d’une chanson d’Eugène Pottier (par ailleurs auteur des paroles de L’Internationale) sur l'air de T'en fais pas Nicolas de Rémi Victor Parizot (décédé en 1866), à savoir : « C'qui prouve en tout cas, Nicolas, Qu'la Commune n'est pas morte ». Jean-Nicolas Stofflet, né le 3 février 1753 à Bathelémont en Lorraine et mort fusillé le 25 février 1796 à Angers, est un chef royaliste, surnommé "le Saint d’Anjou" (il résidait à Maulévrier en 1793), condamné à mort par une commission militaire et fusillé le 25 février 1796.
La construction en cours du Mémorial des guerres de Vendée, à La Chapelle Basse-Mer, avec la réalisation d'une immense peinture (50 m de long sur 2 m de haut), les animations régulières au refuge de Grasla (dans la forêt éponyme) aux Brouzils depuis 1987, la remise du prix Charette (à l’initiative des responsables du refuge de Grasla) qui se fait à la Chabotterie depuis quelques années, le tournage du téléfilm (passé début 2014 sur FR3) Le Général du roi projeté gratuitement fin 2013 à l’initiative du Conseil général de Vendée où il est bien insisté que le scénario et la réalisation sont de Nina Companeez d'origine juive ukrainienne (voir un extrait bien significatif là https://www.youtube.com/watch?v=OHyhydEVU7k), les références constantes dans les cours et colloques (destinés entre autre à des futurs professeurs d'histoire-géographie) de l’ICES à la Roche-sur-Yon (l’établissement où certains étudiants "n’aiment pas les PD" comme on l’a vu le samedi 18 mai 2019) même dans ceux où on se demande vraiment ce que vela vient faire, comme très récemment autour de Solidarnosc, voilà des initiatives majeures dont il me semble ne pas avoir vu mention dans cet ouvrage.
Fruit d’une thèse soutenue en 1987, cet ouvrage avait paru en 1989, deux chapitres ont été rajoutés pour cette présente édition afin d'actualiser évènements et analyse jusqu’à la date de 2018. Tout d’abord précisons que la Vendée militaire est la région où certaines populations du sud de la Loire prirent les armes contre la République ; elle recouvre le centre et le nord des départements de Vendée et des Deux-Sèvres plus le sud de la Loire-Inférieure (devenue Loire-Atlantique) et du Maine-et-Loire.
Jean-Clément Marin présente ici comment est rapportée et entretenue dans cet espace élargi quelque peu d’ailleurs, la mémoire des Guerres de Vendée de la fin du XIXe. Les évènements en lien que sont les troubles de 1815 et la folle équipée de la duchesse de Berry se sont par contre quasiment perdus dans les sables du lit de la Loire. L’idéologie portée par les nostalgiques de la Vendée militaire se retrouvait dans le programme de François Fillon racines vendéennes conséquentes (son père a vu le jour en Vendée et ses grands-parents tenaient une quincaillerie aux Essarts et Bruno Retailleau, président du Conseil général de Vendée avant de l’être du Conseil régional des Pays de la Loire était, pour la dernière campagne présidentielle, le pygmalion de François Fillon en matière culturelle, sociétale et économique.
Cet ouvrage est d’un grand intérêt quoique je n’approuve pas certaines visions qui ne me semblent pas relever "de l’œil américain", comme le passage sur la vie politique en Vendée départementale (page 241) dont la phrase « Si deux blocs se cristallisent dans les années 1930, ce sont radicaux, socialistes et communistes contre conservateurs, blancs et bleus : drapeau tricolore contre drapeau rouge ». Tous les conservateurs vendéens de l’Entre-deux-guerres n’ont pas accepté le drapeau tricolore et en particulier Armand Charles de Baudry d'Asson tandis que les radicaux vendéens, à l’électorat réduit à la portion congrue par rapport à la fin de la Belle Époque, ne se sont jamais rallés au drapeau rouge. Au lieu de se cristalliser, le débaut politique se fragmente durant cette période, ainsi derrière le fils de Clemenceau les républicains modérés ne font plus bloc contre les catholiques et chez ces derniers apparaisssent toutes sortes de nuances par rapport à la question siciale.
La façon dont une autre région s’est emparée de l’histoire cathare mériterait une mise en parallèle dans un autre livre. Par ailleurs, tant dans le Doubs où les crucifix étaient encore présents dans les écoles publiques de certains villages jusqu’à la loi récente (puisque de 2004) sur les signes ostentatoires que dans des communes proches de la Camargue, un discours proche de celui tenu en Vendée a longtemps existé. D'autre part régulièrement est posée par des parlementaires, en nombre certes restreint, la question de la reconnaissace du prétendu génocide vendéen,. Bref est à découvrir, la vision mémorielle autour de la Révolution que partagent certains habitants (et certainement plus une grosse minorité qu’une majorité de la population) de cette région. On retiendra cette dernière phrase : « Ce serait bien la moindre des choses que l’histoire de la Vendée profite à l’histoire de France » (page 349).
Pour en savoir plus sur cet auteur prolixe et ce livre en particulier, on pourra assister à sa conférence le 8 novembre 2019 au Mans, une manifestation organisée la Société des amis de la Révolution française de la Sarthe.
Pour connaisseurs Aucune illustration
https://www.dailymotion.com/video/xz0wik
https://dartagnans.fr/fr/projects/peinture-pour-raconter-les-guerres-de-vendee/campaign
Les 25 ans de la restauration de la Chapelle Saint-Pierre-ès-Liens
https://www.memoiredufutur.fr/