Avis de Adam Craponne : "À la recherche du temps trouvé"
L’universitaire tunisienne Hédia Khadhar avait soutenu il y a trente ans une thèse intitulée Diderot et l'actualité politique sous les règnes de Louis XV et de Louis XVI. Elle propose là une étude sur les liens entre l’islam et la philosophie des Lumières du XVIIIe siècle à nos jours. L’ouvrage est sous-titré " Quelle altérité pour demain ?".
Hédia Khadhar apporte une réflexion dans deux directions, la première est l’image de l’islam aux XVIIe et XVIIIe siècles en France chez les philosophes et d’autres. La seconde est l’influence des idées des Lumières en Afrique du nord (par exemple en quoi Taha et Haykal Hussein adoptent certaines idées de Rousseau) et particulièrement en Tunisie en particulier dans l’action réformatrice de Khereddine ou Khayr-ad-din (peu avant la mise en place du protectorat en Tunisie) puis l’apport de cette philosophie dans les Printemps arabes.
C’est aussi l’occasion de rappeler la captivité du futur saint Vincent de Paul à Tunis, la place des femmes dans la société maghrébine au XVIIIe, la large tolérance de l’homosexualité masculine à l’époque, la romancière et auteure dramatique Madame de Villedieu qui connut un grand succès dans la seconde partie du XVIIe siècle. Évoquer Montesquieu et ses Lettres persanes s’imposait évidemment. La question des droits des femmes sert un peu de filigrane dans cet ouvrage.
Pour connaisseurs Aucune illustration