Avis de Adam Craponne : "Mais la mer, c’est autre chose qu’un réservoir nourricier ; c’est aussi, et avant tout, une surface de transport"
L’ouvrage La Méditerranée est paru a en deux tomes en 1977 et 1978 puis en 1985 et 1986 chez Flammarion, ils sont ici réunis. L’auteur sait nous faire partager sa passion ancienne pour la Méditerranée puisque sa thèse était intitulée comme La Méditerranée et le monde méditerranéen à l'époque de Philippe II. Il ne faut pas oublier que Fernand Braudel a enseigné en Algérie de 1923 à 1932.
Les civilisations deviennent la clé d’explication de l’Histoire méditerranéenne. En fait on est, après l’introduction de Braudel, en présence de douze textes dont près de la moitié est de la plume de ce dernier, à savoir : La terre, La mer, L’aube, L’Histoire et Venise. Filippo Coarelli donne un article sur la naissance de la puissance de Rome, Maurice Aymard autour des espaces, Roger Arnaldez à propos du monothéisme, Jean-Claude Gaudemet sur le droit romain, Piergiorgio Solinas autour de la famille (ou plutôt des différentes structures familiales), Maurice Aymard à propos des migrations et Georges Duby sur l’héritage méditerranéen (en grande partie romain) en Occident.
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On relève quelques paragraphes significatifs de l’esprit de l’ensemble de l’œuvre :
« Qu'est-ce que la Méditerranée ? Mille choses à la fois, non pas un paysage, mais d’innombrables paysages, non pas une mer, mais une succession de mers, non pas une civilisation, mais des civilisations entassées les unes sur les autres. Voyager en Méditerranée, c’est trouver le monde romain au Liban, la préhistoire en Sardaigne, les villes grecques en Sicile, la présence arabe en Espagne, l’Islam turc en Yougoslavie. C'est plonger au plus profond des siècles, jusqu'aux constructions mégalithiques de Malte ou jusqu'aux pyramides d'Égypte. C'est rencontrer de très vieilles choses, encore vivantes, qui côtoient l'ultramoderne : à côté de Venise, faussement immobile, la lourde agglomération industrielle de Mestre; à côté de la barque du pêcheur, qui est encore celle d'Ulysse, le chalutier dévastateur des fonds marins ou les énormes pétrolières ».
« Mais la mer, c’est autre chose qu’un réservoir nourricier ; c’est aussi, et avant tout, une surface de transport, une surface utile, sinon parfaite. (…) Évidemment, avant de devenir un lien, la mer a longtemps été un obstacle. (…) Longtemps la navigation est restée prudente (…) Une navigation qui colle au rivage, fil conducteur par excellence, et au début ne se hasarde que de jour : on allait d’une plage à une plage prochaine ; le soir venu, le bateau était tiré sur le sable ».
« Comment ne pas s’étonner qu’au milieu de cette histoire obscure, deux puissantes révolutions se soient développées ? D’abord la diffusion de la métallurgie du fer. (…) La seconde révolution, c’est l’apparition de l’écriture alphabétique ».
« L’islam s’affirme avant tout l’héritier du Proche-Orient, de toute une série de cultures, d’économies, de sciences anciennes ».
« Cicéron en témoigne, le peuple n’est pas un simple agrégat d’individus, c’est un groupement uni par un consentement juridique et pour l’utilité commune ».
Pour connaisseurs Aucune illustration