Avis de Ernest : "Tu aimeras ton animal comme toi-même"
L’auteur pense que la condition animale a évolué au cours des siècles en fonction de des changements de la condition humaine. Alors que dans "L’Église et l’animal", Éric Baratay dégageait les caractéristiques de l’évolution de la vision de l’animal dans le monde catholique depuis les cinq derniers siècles, avec "Des bêtes et des dieux", il évoque aussi des temps plus reculés. Rappelons que pour "L’Église et l’animal", il avait proposé quatre temps: Un intermédiaire entre l’homme et Dieu (1600-1670), Une créature dépréciée (1670-1830), Une réhabilitation (1830-1940), Deux modèles opposés (1940-1990).
Éric Baratay en fait consacre la moitié de son ouvrage aux visions plus que nuancées entre elles que porte les trois grandes déclinaisons du christianisme, à savoir le catholicisme, le protestantisme et l’orthodoxie. Pour se distinguer des cultes païens, le christianisme des origines n’a pensé « l’homme que par la dévalorisation des animaux » (page 26), c’est l’Église de Rome qui reste la plus fidèle à cette vision, au moins jusqu’aux discours de tendance écologiste des trois derniers papes, dont s’inspire René Descartes dans ses affirmations autour de l’animal-machine.
Par ailleurs Philon d’Alexandrie lie les animaux à la notion de péché, ceci est repris par nombre de pères de l’Église dont saint Paul ; en prolongement le monde médiéval associe une bête à chacun des péchés capitaux et autour de la période 1200-1400 « est forgé le concept de bestialité pour d »signer l’ensemble des comportements irraisonnés et condamnables » (page 33). Le diable et les sorcières sont affublés d’attributs animaux au physique repoussant. On voit que c’est dans le milieu protestant que naissent les idées de protection animale, la question d’une âme possible chez les animaux s’y pose.
Dans la Bible les animaux sont bien plus présents que dans le Nouveau Testament, l’on peut par exemple songer à la baleine de Jonas ou au bélier sacrifié à la place d’Isaac le fils d'Abraham. Éric Baratay se penche dans la seconde moitié de ce livre sur les deux autres religions monothéistes (judaïsme et islam) puis termine par les religions amérindiennes et le bouddhisme chinois. Au sujet de l’islam, l’auteur note ce paradoxe :
« aucune autre religion révélée n’a, dans des textes sacrés, autant de prescriptions en faveur des animaux, de mises en responsabilités des hommes et d’obligations de leur part ; or, elle semble à beaucoup comme la moins propice, la moins favorable parmi toutes (…)» (page 93)
De la conclusion, on retiendra que le discours sur la question animale est bien mieux porté par certains nouveaux mouvements religieux apparus en occident que par les vieux monothéistes.
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