Utopies en Limousin: de Boussac à Tarnac, histoires d’autres possibles

Cet ouvrage réunit seize contributions autour d’une expérience sociale utopique vécue dans un des trois départements  de l’ancienne région du Limousin, à savoir la Creuse, la Corrèze et la Haute-Vienne. Elles sont dues à des auteurs membres de l’association Mémoire ouvrière du Limousin.

Ces seize textes sont précédés à la fois d’une préface, d’une introduction et d’une carte géographique. Sur cette dernière, on peut situer les lieux évoqués ; ceux-ci sont à peu près également répartis dan chacun des trois départements mais du fait que Limoges en particulier porte plusieurs expérimentations, globalement la Haute-Vienne est légèrement surreprésentée. Une conclusion essaie de réfléchir sur l’avenir de l’Économie sociale et solidaire dans la perspective du XXIe siècle.

On démarre avec un texte autour de l’action de moines dans la forêt de Grandmont derrière Étienne de Muret à la fin du XIe siècle. Suit un texte fort général sur les troubadours (à partir de l’idée que l’idéal de ces derniers relève de l’utopie) où on attendait un développement sur Bernard de Ventadour qui ne vient pas. Rappelons que ce dernier est né à Ventadour (près de Tulle) en 1125, il fut très présent aux cours d’Aliénor d’Aquitaine et Raymond V de Toulouse.

Le troisième texte parle d’un saint-simonien Joseph Corrèze qui vécut sa retraite militaire de 1850 à 1862 à Lanteuil (en Corrèze, au sud de Tulle). Le papier suivant évoque l’imprimerie de Pierre Leroux à Boussac. La place des coopératives de production pour cette même ville creusoise est le sujet du papier qui suit. Alain Carof s’intéresse après à Felletin et sa coopérative diamantaire (d’ailleurs récemment évoquée dans le roman "Léopoldine" de Corinne Valade consacré principalement à  la reddition des Russes du  camp de La Courtine durant la Première Guerre mondiale).

Le syndicalisme libertaire de la Belle Époque à Saint-Junien trouve son historien avec Vincent Brousse. On aurait gagné à préciser, dans le texte sur le sanatorium de la MGEN à Sainte-Feyre dans la Creuse, que du fait de l’insalubrité de nombre d’Écoles normales et de logements de fonction d’instituteurs sous la IIIe République, les maîtres d’école étaient largement frappés par la tuberculose.  La Maison des étudiants de Limoges fut un très beau projet d’architecture utopique, qui ne fut jamais réalisé dans l’Entre-deux-guerres.  

Au milieu des années 1930 des juifs, pour l’essentiel allemands et polonais, créent un kibboutz à Nazareth (aujourd’hui Jugeals-Nazareth) en Corrèze. D’autre part des militants sionistes créent la ferme-école de Blémont dans la Haute-Vienne ; comme toutes les structures de ce type, elle ferme ses pertes fin 1943. D’après la loi, elle ne peut accueillir que des juifs de nationalité française, si bien que l’UGIF rappelle aux administrateurs de la ferme-école cet engagement auprès des autorités de Vichy.

Ligoure est à la fois un lieu utopique sous la direction de Frédéric puis Albert Le Play entre 1856 et 1914 dans le domaine agricole mais aussi dans les années 1970 avec une descendante des deux premiers personnages cités. Les deux dernières études portent sur de multiples actions (soutenues par des idéologies diverses) qui se sont déroulés dans les années 1970 en Creuse mais aussi à Tarnac. Notre titre " Racaille en Creuse, racaille heureuse " est un slogan libertaire ironique apparu dans les années 2000. Auparavant l’action, pleinement dans l’économie libérale, de la Jeune Chambre économique de Limoges trouve une place inattendue. Cet ouvrage est très largement illustré, figurent des personnages plus ou moins connus comme Daniel Cohn-Bendit (page 135).