Avis de Benjamin : "Si vous ou vos parents l’ont regrettée, ce livre est fait pour vous"
En fait il s’agit de l’histoire des pieds-noirs d’Algérie et à aucun moment ne sont évoqués les natifs du Maroc et de la Tunisie. La qualité de l’ouvrage tient essentiellement à sa très riche iconographie.
On est là face à un livre de mémoire avec toutes les caractéristiques qui vont avec. Il s’agit de conforter le peuple pied-noir dans l’idée qu’il se fait de lui-même et de l’Algérie. Si vous voulez connaître l’histoire de la colonisation en Algérie, prenez un autre ouvrage. Aucun regard critique sur l’action du général Bourmont (connu par ailleurs dans les milieux bonapartistes comme "le traître de Waterloo") ou de celle du maréchal Bugeaud. À la place on a globalement un discours hagiographique, d’ailleurs involontairement risqué à certains moments puisque les colons français sont comparés à la population blanche du sud des USA au milieu d’esclaves noirs (page 35).
Sont repris quelques mythes comme celui de la christianisation des Berbères qu’on aurait faite avec profit si les gouvernements ne s’y étaient opposés. D’ailleurs avec le choix de cette citation de Charles de Foucauld page 45, on peut penser que c’est la conversion de tous les indigènes qu’on a ratée. Les pages autour de l’OAS sont assez bien faites et on y signale , perprétée par des nostalgiques de cette organisation, la mort en 1993 de Jacques Roseau, porte-parole du Recours-France, organisation de rapatriés d'Afrique du Nord.
Après une introduction qui rappelle certaines caractéristiques de la population européenne d’Algérie, le premier chapitre dresse en dix pages l’histoire de l’Algérie d’avant la colonisation. Ceci permet d’évoquer des personnages fort intéressants comme Massinissa le roi de Numidie (allié des Romains contre Carthage), Saint Augustin et la Kahena (une femme qui prit la tête de la résistance à l’invasion des Arabes au tournant du VIIIe siècle). Le second chapitre évoque les débuts de la colonisation et l’action de l’Église catholique dans le pays. Le troisième chapitre essaie de faire le tour de la multiplicité des ethnies qui alimentèrent la catégorie dite de la population européenne. Le quatrième chapitre traite des origines diverses et de la condition de la population juive en rappelant l’antisémitisme de la Belle Époque propagé par Max Emilio Régis et ne mentionnant qu’en passant l’abrogation du décret Crémieux.
Le cinquième chapitre est consacré aux répercussions de la Seconde Guerre mondiale avec en particulier l’apport considérable en hommes que l’Algérie a fourni aux armées de la France libre. Le chapitre suivant est centré sur les principales villes du pays (Alger, Constantine, Oran, La Calle et Bône). Le septième chapitre veut reconstituer l’univers alimentaire des pieds-noirs avec un rappel de certaines marques emblématiques. Le huitième chapitre présente des écrivains et artistes porteurs de l’identité algérianiste, ce qui explique un développement autour d’Albert Camus et de peintres pieds-noirs. Les neuvième et dixième chapitres racontent la Guerre d’Algérie. L’avant-dernier chapitre traite de la mémoire pied-noir, le dernier se demande comment perdurera la mémoire des pieds-noirs et glisse un petit mot au sujet des harkis.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations
https://hal-campusaar.archives-ouvertes.fr/medihal-01411952