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Histoire de la province de Savoie: 1, Des origines à la Révolution

Histoire de la province de Savoie: 1, Des origines à la Révolution
Signe48 pages
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Avis de Xirong : "Savoyard ou savoisien, duché ou province d’un royaume?"

Depuis la fin des années 1970, les productions s’attachant à raconter en bandes dessinées l’histoire d’une province ou d’une ville sont devenues courantes. Parfois de qualité médiocre par le fait que le dessin ait été confié à un amateur ou que le scénario tienne l’accumulation des faits sans ligne directrice, il est assez exceptionnel de trouver un angle d’attaquer assez original et un dessin de qualité. D’ailleurs en 1982 paraissait chez Horvath l’album  "Histoire de la Savoie en bandes dessinées". Notons dans le domaine de la fiction en BD, avec une action qui nous est contemporaine, que Félix Meynet est un dessinateur prolixe de l’univers savoyard quant il n’est pas en plus le scénariste d’histoires savoisiennes.

Avec les éditions du Signe on a connu une très singulière histoire de l’Alsace en une dizaine de tomes, dont nous pensons le plus grand bien.  On se réjouit que dès le départ dans "Histoire de la province de Savoie : 1, des origines à la Révolution"  il soit signalé que le contenu iconographique de s’inspire de documents historiques. Cette BD propose un graphisme très réaliste d’une grande qualité, avec une mise en page constamment renouvelée.  

Le scénario choisit de placer une jeune documentaliste bretonne dans les mains (en tout bien, tout honneur cependant) d’un professeur d’histoire-géographie qui se présente comme "un produit du terroir, un Savoyard pur sucre". Notons au passage que le fait qu’il ne dise pas "savoisien" est pour les initiés un indice qu’il n’appartient pas pour autant au groupe nébuleux des autonomistes.

Le récit ouvre sur une carte de géographie physique, bientôt suivie par une carte géographique des six régions. La troisième carte montre que vers 1850 la Savoie était une province d’un royaume qui s’étendait sur deux versants des Alpes, tout en précisant bien que jamais la Savoie n’a été italienne puisque la Savoie revient à la France juste une année avant la création du royaume d’Italie.

Le principe est d’amener nos deux héros sur les sites marquants de l’histoire de la Savoie (dans leur état actuel), ceci dans l’ordre chronologique depuis la Préhistoire et sans faire l’impasse sur les lieux aujourd’hui à l’extérieur des deux départements alpins en question. Une fois rendu là le texte ou l’image (et parfois les deux en même temps) portent des flashs autour d’un vécu historique. Il est d’ailleurs très heureux que pour évoquer tant l’occupation romaine qu’afin de préparer à l’idée qu’ultérieurement les princes de Savoie sont, face aux cantons protestants de Suisse, le fer de lance de la Contre-Réforme, dans les premières pages on se réfère au lieu dans le Valais où le patron de la Savoie Saint-Maurice aurait été martyrisé (comme on est dans de la BD, le conditionnel n’est pas choisi dans cet album).

On apprécie beaucoup les très nombreuses cartes qui pointent les évolutions du territoire aux mains des comptes, ducs puis rois qui se sont imposés à partir d’une région autour de Chambéry et Aix-les-Bains. La proximité de Genève permet d’avoir des éclaircissements sur l’histoire de celle-ci et il est amusant de voir qu’en 1124 le prince-évêque de Genève chasse le comte de Genève de la cité, quand on sait qu’environ quatre siècles après les évêques de Genève devront quitter une cité passée au protestantisme.

Certes il est inutile d’encombre le lecteur avec trop de dates et si la date de 1124 que nous apportons n’était peut-être pas capitale, par contre donner (page 19)  une idée sur les dates d’une guerre appelée Guerre de septante ans (tradition locale oblige), à savoir de 1282 à 1355, surtout que cela explique en grande partie la ruine des comtes du Viennois (appelés par ailleurs dauphins). On est d’ailleurs surpris qu’à la page 12, on mette sur le compte d’un avarice des comtes de Savoie que le fait que le Dauphiné soit passé dans les mains du roi de France. Comment après soixante-dix ans de conflit sans vainqueur probant avec la Savoie (d’ailleurs également ruinée) les dauphins (ceux de Vienne, pas les futurs fils du roi de France) se seraient-ils mis dans la tête de passer leur pays aux mains de leur ennemi quasi héréditaire ?  Par ailleurs, on aurait pu bien préciser que si une Genevoise a jeté un chaudron brûlant en 1602, il faut attribuer à la légende que ce large récipient contenait uniquement du chocolat (page 34).

Dès Henri IV le royaume de France occupe de façon récurrente avec plus ou moins de succès les territoires francophones du duc de Savoie ; le grignotage, comme aurait dit Joffre, va durer deux siècles et demi. À travers l’arrestation de Louis Mandrin en 1756 sur le territoire savoyard des nouveaux rois de Sardaigne, est évoquée la contrebande. L’ouvrage se clôt par deux évènements propres à la Savoie (les deux premières ascensions du Mont-Blanc en 1786 et 1787 et le vol en ballon de l’écrivain Xavier de Maistre en 1784 au-dessus de Chambéry) et un concernant la France, mais qui aura des répercussions sur tous les continents, à savoir la Prise de la Bastille. Cet album gagnerait à être présent dans tous les CDI des lycées des départements alpins (rappelons que Nice passe aux mains des comtes de Savoie à la fin du Moyen-âge).      

Pour tous publics Beaucoup d'illustrations

Xirong

Note globale :

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