Avis de Adam Craponne : "L’Iran, un pays au génie mobile et incandescent ?"
Ardavan Amir-Aslani est connu comme l’avocat de Johnny Halliday et de sa veuve. Il est né à Téhéran en 1965 et il semblerait que sa venue en France se fasse dans le prolongement de la Révolution islamique qui se produit à la fin des années 1970 en Iran. On trouve nombre de ses articles là http://www.atlantico.fr/fiche/ardavan-amir-aslani-1500157
Dans l’introduction, l’auteur rappelle que l’Iran (sous l’appellation de la Perse) est entré dans l’histoire mondiale dès Cyrus le Grand au VIe siècle avant Jésus-Christ et Zarathoustra qui aurait pu vivre au XIIe siècle avant Jésus-Christ (date que nous préférons à celles vagues données par l’auteur). Par ailleurs, il faut voir que le monde iranien ne se limite pas à l’intérieur des frontières de l’Iran actuel ; en fait au nord on va du Caucase à l’Afghanistan et au Tadjikistan actuels. L’empire achéménide vers le Ve siècle, fondé par Cyrus le Grand, s’étend de la Méditerranée et de la Mer noire à l’Indus avec même une implantation temporaire en Macédoine orientale et en Égypte (pour un peu plus d’un siècle).
L’auteur débute de façon détaillée l’histoire de la Perse préislamique avec celle des Parthes (du IIIe siècle avant Jésus-Christ au IIIe siècle après Jésus-Christ) et la termine avec la dynastie sassanide fondée par Ardashir en 224 qui avait pour capitale d’hiver Ctésiphon (malheureusement pas située sur la carte de géographie historique page 36). Le peuple était alors divisé en quatre castes : les guerriers, les prêtres zoroastriens, les savants et les autres (commerçants et paysans mélangés).
Affaiblie par une lutte multiséculaire contre les Byzantins et des rivalités politiques, elle s’effondre en 651 devant la conquête des Arabes. Une partie de ceux qui refusent de se convertir à l’islam fuient plus à l’est et en particulier en Inde. Un Iranien converti Abu Muslim, né vers 718, mène une révolte contre les Omeyades, en réclamant des droits égaux pour tous les musulmans (donc la fin de certains privilèges des familles descendants des conquérants arabes). Il facilita par là l’arrivée au pouvoir des Abbassides qui le firent assassiner en 755, soit près d’un siècle après que le premier calife omeyade n’ait contesté le titre califal d’Ali.
Si les Persans se convertissement progressivement quasiment tous au bout de quelques siècles, ils n’entendant pas moins conserver certains aspects de leur culture et leur langue ; ils profitent de la lente déliquescence du pouvoir abbasside. Le mathématicien persan al-Khuwārizmī (780-850) était membre de la Maison de la Sagesse à Bagdad, l’origine du mot algorithme lui est liée.
L'Empire samanide, au IXe et Xe siècle, vit une certaine renaissance de la culture iranienne et on se mit à lire en persan le Coran. Ardavan Amir-Aslani s’attarde sur les très nombreux intellectuels persans de la période allant en gros de 900 à 1200. C’est l’occasion d’évoquer en particulier les hommes exceptionnels que furent Omar Khayyam (1048-1131), Avicenne (980-1037) qui a donné son nom à un hôpital situé à Bobigny en Seine-Saint-Denis, Al-Bīrūnī (973-1052), Firdousi (940-1020)...
Le pays souffre des invasions mongoles au début du XIIIe siècle et celle de Tamerlan à la fin du XIVe siècle. La dynastie des Séfévides, gouvernant l’Iran à partir de 1501, est issue d’une confrérie soufie ; elle choisit de se convertir au chiisme duodécimain (se réclamant d'Ali) afin de se distinguer des Ottomans sunnites. L’auteur explique l’originalité du chiisme qui en particulier à la recherche du sens caché du Coran. Ardavan Amir-Aslani évoque ensuite les principes du zoroastrisme et l’influence qu’il eût sur certains aspects des religions du Livre. Par ailleurs plusieurs pages sont consacrées au soufisme des Xe au XIVe siècle dans le monde iranien.
Un chapitre montre en quoi l’Iran a pu être et est encore un laboratoire de la modernité. En résumé, voici un très bon livre de vulgarisation sachant rendre accessible de nombreuses connaissances autour de l'Iran. Toutefois une impasse est faite sur l'histoire du pays au XIXe et XXe siècle et l'ouvrage est essentiellement un outil d'approche de la culture de l'Iran même si une chronologie de quatre pages introduit certains aspects purement politiques, comme l'arrivée au pouvoir de la dynastie qajar en 1787 ou des informations sur les pertes territoriales au début du XIXe siècle dans le Caucase.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations
https://www.la-croix.com/Culture/Expositions/Au-Louvre-Lens-fastes-lIran-qajar-2018-04-08-1200929980
https://les-yeux-du-monde.fr/histoires/40442-les-sefevides-la-creation-du-chiisme-detat
https://news.google.com/search?q=iran&hl=fr&gl=FR&ceid=FR%3Afr
https://fr.rbth.com/histoire/85645-russie-iran-guerre-mondiale