Avis de Adam Craponne : "Les adoptions internationales d’enfants ont connu leur chant du cygne au début du XXIe siècle"
La loi française de 1804 n’autorisait que l’adoption d’adultes par des adultes; une nouvelle loi en 1923 autorise l’adoption de mineurs, ceci sans rupture avec la famille biologique, par des couples mariés ou des célibataires sans enfant. Une autre loi institue, dans l'hexagone, en 1939 une forme d’adoption avec rupture des liens avec la famille de naissance.
D’autres que l’auteur ont pu écrire qu'un reportage télévisuel de Cinq Colonnes à la Une présentant les onze enfants d’origines diverses adoptés par Joséphine Baker, réunis pour la Noël 1960, a largement popularisé dans l’hexagone, l’adoption d’enfants étrangers. Le recours à l’adoption est aujoud'hui inversement proportionnel au développement des pratiques d’assistance médicale à la procréation ou de gestation par autrui. D’autre part en tentant de moraliser l’adoption internationale, afin qu’elle évite de tomber dans un côté de trafic d’enfant, les pays d’accueil et les pays d’origine des adoptés ont limité le nombre d’enfants pouvant réellement trouver une famille à l'étranger. Depuis la convention internationale de La Haye du 29 mai 1993 (entrée en vigueur en France en 1998), les dérives sont rares.
Sébastien Roux a mené des enquêtes en Éthiopie et au Vietnam ainsi que dans un département de l’ouest de la France (tant auprès des adoptants en demande, des adoptés et des professionnels en charge des dossiers). Ce sont donc à travers des témoignages que sont abordés nombre de points. Toutefois l’ouvrage contient également une multitude d’informations autour des conditions légales d’adoption, des cas médiatiques d’adoption (comme celui de Johnny Hallyday ou Angelina Jolie), du nombre d’adoptés en France pour certaines années, des organismes proposant des enfants, des pays fournissant des enfants adoptés, des particularités des enfants offertes à l’adoption, des actions financières réalisées sur place au nom des adoptants, de la concurrence entre organismes de divers pays pour se voir proposer des jeunes à adopter, des conditions de vie dans les orphelinats, les conditions d’accès aux origines pour l’adopté…
L’auteur revient cependant sur le fait qu’en 2007, l'association l'Arche de Zoé tenta de faire passer pour des enfants soudanais orphelins des jeunes Tchadiens qui avaient des parents en vie. Dans d'autres pays, nous n'ignorons pas personnellement que, plus ou moins discrètement, on a volé ou acheté des jeunes à leurs parents, ce fut le cas au Sri-Lanka (appelé autrefois Ceylan). (voir https://www.leparisien.fr/societe/l-identite-volee-des-enfants-adoptes-du-sri-lanka-09-08-2019-8131422.php)
On sait, à travers les chiffres pour la France de 2008 et 2018, que le nombre d’adoptés est passé d’un peu plus 4 000 à un peu plus de 600 et que si Haïti est toujours le pays le plus pourvoyeur par contre les second et troisième (à savoir respectivement l’Éthiopie et la Russie) sont, dix ans après, relégués à des places très lointaines dans le classement. Nous avons lu, dans un autre ouvrage, que dans les dix premières années du XXIe siècle, plus de 3 000 enfants nés en Russie étaient adoptés chaque année. Des chiffres, non présents dans cet ouvrage, parlent de 244 adoptions internationales réalisées en 2020 contre 421 en 2019 ; voilà la confirmation de la chute libre de ces résultats.
On apprend dans ce livre que la Russie, depuis 2012, interdit toute adoption d’enfant russe par les Américains. Réplique à des mesures prises par le président Obama interdisant le territoire des USA à certains citoyens russes, cette loi porte le nom de Dima Iakovlev, un enfant russe décédé d'hyperthermie en 2008 en Virginie car oublié dans un parking par son père adoptif. Notons personnellement que la mort de Nathaniel Craver en 2009, un jeune né Ivan Skorobogatov le 4 février 2002 dans l’Oural fut également évoqué à cette occasion. D’autre part nous nous rappelons que les médias informèrent ultérieurement qu’un garçonnet de 8 ans, qui avait des troubles psychologiques, fut renvoyé en avion par ses parents américains en 2010. À travers ce dernier exemple, nous rejoignons les propos de l’auteur sur la question des troubles ou handicaps portés par nombre des jeunes proposés à l’adoption dans des pays étrangers.
Pour connaisseurs Aucune illustration
La proposition de loi Limon, qui doit être définitivement adoptée ce mardi 18 janvier 2022, limite « encore un peu plus » la possibilité pour les familles françaises de recourir à l’adoption internationale (Cf. La proposition de loi sur l’adoption de retour à l’Assemblée nationale). En effet, l’article 11 Ter met fin aux démarches individuelles d’adoption à l’étranger. Les futurs parents devront obligatoirement passer par l’Agence française de l’adoption (AFA) ou par un Organisme agréé pour l’adoption (OAA). Or, certains pays, comme l’Ukraine, n’acceptent plus que les démarches individuelles. « Les associations qui y travaillent crient donc à l’injustice et dénoncent un “deux poids deux mesures” entre le tour de vis qu’on leur oppose et le laisser-faire en matière de gestation pour autrui (GPA), alors que l’Ukraine est un pays où se rendent de nombreux parents français décidés à recourir aux services d’une mère porteuse »
https://www.genethique.org/ukraine-la-gpa-plutot-que-ladoption-internationale/?utm_source=mailpoet&utm_medium=email&utm_campaign=modele-lettre_80