Avis de Adam Craponne : "Une ambition éducative cohérente"
La préface est confiée à Pierre-Édouard Sterin, cofondateur et devenu principal actionnaire du groupe Smartbox, entreprise spécialisée dans la vente de coffrets cadeaux. Il a investi dans La Fourchette, une plate-forme de réservation de restaurants en France, devenue ultérieurement The fork. On relève là un propos qui étonnera certains lecteurs : « des générations sacrifiées sur l’autel de l’égalitarisme et du combat contre la transmission, l’école est nécessairement le premier terrain de reconquête pour ceux qui veulent s’investir dans la société » (page 11).
En 1965 Paul VI écrit un texte sur la gravité des questions éducatives, on peut y lire ceci : « Le but que poursuit la véritable éducation est de former la personne humaine dans la perspective de sa fin la plus haute et du bien des groupes dont l’homme est membre et au service desquels s’exercera son activité d’adulte » (page 17).
François-Xavier Clément évoque brièvement page 20 les idées de Alexander S. Neill connu pour son ouvrage Libres enfants de Summerhill ; l’auteur renvoie les bases de cette pédagogie à la philosophie rousseauiste. Ajoutons personnellement qu'à la même époque Ivan Illich (prêtre défroqué) avance que les savoirs scolaires se coupent de ce qui leur donne du sens et que l’école vise la sélection des élèves au détriment de la réussite du plus grand nombre. Des courants psychopédagogiques prônent à la même époque une éducation permissive où l’autorité parentale s’efface devant les désirs de l’enfant.
François-Xavier Clément cite les noms de plusieurs éducateurs chrétiens, dont Jean-Baptiste de La Salle, fondateur des frères des écoles chrétiennes. Pour l’auteur en empruntant la voie du contrat avec l’État, les écoles catholiques ne peuvent que risquer de s'éloigner de certains principes de l’éducation intégrale.
François-Xavier Clément pensent que les adolescents confondent liberté et indépendance. « La liberté n’est pas un état de nature, mais un effet de l’éducation. Certes, il existe une capacité à être libre, le libre arbitre, mais l’enfant ne peut être dit libre alors qu’il est capable de se donner à lui-même ses propres règles et d’assumer la responsabilité pleine et entière de ses actes. La liberté semble davantage être l’apanage de la maturité, c’est-à-dire de l’âge de la responsabilité » (page 46).
Prenant appui sur certains écrits d’Antoine de la Garanderie, l’auteur avance que nos sens internes sont l’imagination, la mémoire, la cogitative et le sens commun. À propos de l’imagination, François-Xavier Clément cite Pascal qui pense que cette dernière est « maîtresse d'erreur et de fausseté » reprenant par là l’idée de « folle du logis » émise par Sainte Thérèse d'Avila (page 53). Selon lui, « la mémoire est le support qui permet à un raisonnement de s’appuyer sur une culture » (page 54). Il s’agit d’éduquer aux passions pour se libérer d’elles (pages 61-65).
Le cinquième chapitre traite de la nécessité d’une autorité de confiance dans l’acte éducatif. L’auteur poursuit en évoquant notamment d’éduquer à l’humilité. Il avance qu’il ne faut pas « déconstruire le schéma hétérosexuel en considérant qu’il est une norme fondée par le rejet des autres schémas » (page 131). François-Xavier Clément met en garde, vis-à-vis des jeunes, contre les dangers d’internet avec en particulier les smartphones.
Si la première partie se nomme "L’enfant est une personne", la seconde a pour titre "La famille, premier lieu de l’éducation" et la dernière s'intitule "L’école, second lieu de l’éducation". L’auteur critique ce que certains appellent la baisse de niveau d’exigences scolaires.On le voit accuser une dilution, dans un but égalitaire, des programmes de l’école primaire (page 265).
On pourra être choqué cette phrase au sujet de Philippe Mérieu : « Dans un esprit de démagogie, il a beaucoup œuvré à la déconstruction de la hiérarchie des disciplines et à présenter toutes les matières scolaires sur un pied d’égalité » (page 249). Cette dernière phrase est d’ailleurs suivie un peu plus loin par un argument spécieux : « Il s’agit probablement pour lui de flatter les professeurs complexés par ce qu’ils n’enseignent pas les mathématiques dans un système scolaire qui en a fait la clé de voûte de l’organisation des savoirs à la suite de Descartes ».
Ceci nous amène à une première remarque à savoir que les mathématiques n’ont pas toujours été la discipline reine, ce fut jusque dans les années cinquante le latin et alors les enfants de la bourgeoisie investissaient nullement dans les mathématiques et les sciences, matières où brillaient des "fils du peuple". Nul doute que si le football devenait le critère de sélection les élèves des classes dites favorisées y brilleraient autrement qu’aujourd’hui.
D’autre part le pédagogue lyonnais est, comme François-Xavier Clément, pour nourrir l’intelligence et ainsi aider l’élève à « concentrer son attention sensible et intellectuelle au processus de connaissance ». Il s’agit, selon moi, pour Philippe Mérieu de partir des intérêts spontanés de l’écolier pour approfondir ses savoirs par le biais de ceux-ci et de valoriser une réussite dans une matière pour donner envie d’autres succès dans des disciplines différentes. Le discours progressiste sur l’école du pédagogue lyonnais est porteur de grandes ambitions pour chaque élève. Philippe Mérieu a d’ailleurs d’abord trouvé des établissements privés pour pratiquer lui-même ses idées en matière d’enseignement. De plus, enfant très présent dans les patronages, il se dit fidèle aux idéaux de la Jeunesse étudiante chrétienne (association dont il a été en fait longtemps membre) ; d'autre part de 2002 et 2010, il a tenu une rubrique hebdomadaire dans le périodique La Vie.
François-Xavier Clément s’appuie sur un humanisme chrétien visant à l’épanouissement de la personnalité tout en prônant l’accumulation des savoirs. Il n’en néglige donc pas pour autant ces derniers mais il me semble que pour lui l’acquisition de connaissances est un moyen de permettre à l’enfant de se réaliser. Celui-ci a été enseignant, puis chef d'établissements scolaires du second degré, directeur de l'enseignement catholique de la Loire jusqu'en août 2015, et chef d'établissement coordonnateur au lycée Saint-Jean-de-Passy. François-Xavier Clément a reçu le « Prix Saint-Jean-Paul II pour la Famille, l'Amour et la Vie » pour son ouvrage La voie de l’éducation intégrale !
Pour tous publics Peu d'illustrations