Avis de PRUNE : "Cette musique, le jazz, à l'époque, ne laissera personne indifférent"
Cet ouvrage avait connu une première édition en 2014. Pour cette édition des playlists, au nombre d’une vingtaine, sont consultables à https://cfeditions.com/souffle-liberte/ecouter.
Dans les premières pages, il est rappelé que le premier disque se réclamant du jazz sort en mars 1917 aux USA et qu’il est dû à des musiciens siciliens et juifs d’Europe de l’Est. Nicolas Beniès poursuit en rappelant que les bals étant interdits sous l’Occupation, c’est au son du jazz et de la java que les bals populaires renaissent en France.
Le récit démarre au 6 juin 1944 avec le Débarquement et c’est l’occasion de rappeler le vocaliste, poète et parolier Jon Hendricks fait partir de l’armée américaine présente sur les plages normandes. Les noirs étaient d’ailleurs fort peu nombreux dans les troupes combattantes durant la Seconde Guerre mondiale, contrairement à la Guerre du Vietnam.
Toutefois les soldats américains blancs ont emporté avec eux avec des disques de jazz. Glenn Miler et son orchestre sont présents, ils sont 25 musiciens. Sim Copans possédait pour son usage d’un camion équipé d’un studio et de haut-parleurs.
L’auteur poursuit en parlant de Sidney Bechet qui est accompagné à partir de 1947 par Claude Lutter, le trompettiste Dizzy Gillepsie qui peut se produire à la salle Peyel grâce au soutien de Boris Vian.
Notons que Charles Lewis, resté en France après la déclaration de guerre des USA à l’Allemagne, se fait fabriquer des papiers au nom de Charles Louis, natif de la Martinique. Nicolas Beniès revient sur le mouvement zazou dont les affiliés fréquentent, sous l’Occupation, des concerts de jazz qui restent autorisés. On vit même, pour désamorcer le côté contestataire du jazz, des journalistes collaborateurs capables d’affirmer que le jazz, né à La Nouvelle-Orléans, est d’esprit français.
D’ailleurs coupé alors de ses liens avec l’Amérique, un jazz français se développe et Radio Paris, organe de la Collaboration, diffuse parfois des concerts de jazz. Le chef d’orchestre et saxophoniste Raymond Legrand est à la tête du Boy Band de cette radio.
À plusieurs occasions, dans cet ouvrage, l’auteur évoque Django Reinhardt. Il le fait en particulier pour l’année 1946 où il retrouve Stéphane Gapelli. D’autre part des pages sont consacrées à la création du Hot Club de France, fondé en 1932, qui subit une scission du fait que Hugues Panassié, célèbre critique et président du Hot Club de France, dénonça le bebop comme une musique ne relevant pas du jazz.
Nicolas Beniès évoque l’évolution du jazz durant les années de guerre tant aux USA, qu’en France et même en Allemagne nazie. Bien d’autres choses intéressantes sont à découvrir dans ce livre. Notre auteur souhaite un nouveau rebond du jazz car pour lui cette musique porte en elle l’espoir d’ « une société plus juste, respectueuse des droits collectifs pour que l’émancipation des individus soient enfin possible » (page 142).
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations