Avis de Adam Craponne : "François d’Assise déclaré par le Vatican saint patron de l’Italie en 1939 et saint patron des écologistes en 1979 par Jean-Paul II"
"François d’Assise selon Giotto" est ouvrage qui appartient autant à l’histoire religieuse qu’à l’histoire de l’art. En effet lorsque l’on décide de commencer construire la basilique d’Assise en 1232 (les travaux dureront jusqu’en 1239), saint François n’est mort que depuis 1226 et le pape Grégoire IX a déjà dispensé les franciscains de suivre le testament du fondateur qui insiste sur la pauvreté évangélique. D’ailleurs, comme le rappelle Michel Feuillet, les Spirituels, une des deux branches des Franciscains ( aussi appelée zelanti en Italie) avec les conventuels, s’offusquent du luxe de cette basilique pour un apôtre de la pauvreté absolue. Les Fraticelles même, de la branche dite des Spirituels, qui étaient des Franciscains prônant un mépris absolu des richesses, furent déclarés hérétiques par le pape Boniface VIII en 1296.
C’est pour les murs de l'église supérieure de la basilique Saint-François d'Assise, édifiée en 1253, que Giotto se voit confier Les fresques de Giotto, retracent La Vie de saint François en 28 tableaux. Fra Giovanni Minio da Morrovalle, général des Franciscains de 1296 à 1304, appela Giotto à Assise dans l’année 1297, pour y peindre la vie de saint François. C’est la raison pour laquelle l'iconographie du cycle suit la "Legenda major" de saint Bonaventure écrite entre 1260 et 1263 ; saint Bonaventure avait fait réviser les constitutions de l'ordre franciscain et il est à l’origine en 1266 du fait que le chapitre général franciscain de Paris ordonne la destruction de toutes les Vies de François d'Assise, à l'exception de la sienne. Toutes les scènes ne bénéficient pas ici d’un traitement, mais celui-ci est toujours très détaillé, la plupart du temps en six ou huit pages, plus rarement en quatre.
Sont donc évoquées toujours en couleurs, avec une vue d’ensemble pleine page et des détails sous le même format, les fresques des étapes 1 "L’hommage d’un simple", 2 "Le don du manteau", 4 "Le crucifix de Saint-Damien", 5 "La renonciation aux biens maternels", 6 " Le songe d’Innocent III", 7 " L’approbation de la règle par Innocent III", 10 " Les démons chassés d’Arezzo", 13 " La crèche de Greccio", 14 "Le miracle de la source", 15 " La prédication aux oiseaux", 16 " La mort du chevalier de Celano", 17 " La prédication devant Honorius III", 19 " Le miracle des stigmates", 23 " Les pleurs des clarisses". Il n’est pas étonnant de voir absente "L'épreuve du feu" où François est face au sultan égyptien Al-Malik alKâmil (descendant de Saladin), car c’est l’une des trois fresques sur les 28, qui n’est pas attribué à Giotto. On considère que les fresques que Giotto a peintes tant à Assise qu’à Florence pour la Basilique Santa Croce de Florence) et qu’à Padoue à la chapelle des Scrovegni dans l'église de l'Arena de Padoue, figurent parmi les sommets de l'art chrétien. Elles rompent avec toute influence de l’art religieux byzantin.
Ce n’est pas parce que Saint François est le symbole de la pauvreté qu’il faut considérer une table des matières comme un luxe ; dans cet ouvrage, certainement plus que dans tout autre, elle manque cruellement. On aimerait connaître rapidement quelles étapes dans les 28 sont traitées et retrouver rapidement celle qui nous intéresse plus particulièrement. L’ouvrage offre également une étude sur trois autres œuvres de Giotto évoquant François : le retable du Louvre, les "Allégories franciscaines" de la basilique inférieure d’Assise, les fresques de la chapelle Bardi dans l’église Santa Croce de Florence.
Pour connaisseurs Beaucoup d'illustrations