Frankenstein

Fabrice Boulanger a adapté " Frankenstein" pour le jeune public afin que le récit ne soit pas trop effrayant. Ce charmant album aux illustrations merveilleuses esthétise la frayeur pour des jeunes de 7 à 11 ans. Cette transposition, la deuxième de la série, a permis à Fabrice Boulanger de trouver un certain nombre de clés pour séduire le jeune lecteur.

«  Ce qui était primordial, c’était que l’histoire reste claire et compréhensible pour de jeunes lecteurs qui n’avaient jamais entendu parler du récit original. J’ai trop souvent lu des adaptations pour les petits mal écrites où seul un adulte connaissant l’histoire de base pouvait comprendre l’intrigue.

C’est grâce à l’adaptation de "Frankenstein" que j’ai trouvé le truc. Il est très simple : il suffit de trouver dans le livre le fil rouge narratif qui va permettre de se raccorder à l’enfance. Après, il suffit de le suivre et de faire tourner l’histoire autour de ce fil rouge. Par exemple, dans "Frankenstein", c’est l’abandon du parent ».

Si notre auteur a commencé avec "Vingt mille lieues sous les mers" ; ont suivi après "Frankenstein" entre autres titres " La machine à explorer le temps" écrit en 1895 par H. G. Wells et "Dracula" de Bram Stoker publié en 1897. Le texte est pour " Frankenstein" de 50 à 60 mots par double-page, ce qui le fait tourner globalement autour de 1 500 mots ; il est placé en général au-dessus mais aussi parfois en-dessous de l’illustration et ceci sur une feuille sur deux. À la seconde page porteuse de mots, on peut lire:

« Mais plutôt que de venir au monde comme un joli bébé, je suis né d’un bricolage de pièces détachées. Une jambe de pirate par-ci, un œil de perdrix par-là, un pied confisqué à un prisonnier et les bras d’un boucher maladroit ».

Les illustrations ont un contenu fort et parfois symbolique, telle celle où on voit à côté du plan du personnage à construire des ciseaux et de la colle qui renvoient à l’idée du bricolage dans la création du futur monstre. Les silhouettes des personnages renvoient un peu aux marionnettes en bois et les décors, sobres mais significatifs, portent l’univers du milieu du XIXe siècle. Le message redondant est que le monstre est devenu violent parce qu’il a subi le rejet des hommes et que son créateur l’a abandonné. Voilà un hymne à la tolérance qui donne une vision autre de celle qu’imaginent les non-lecteurs de l’œuvre originale.

Ainsi grâce à Fabrice Boulanger, les jeunes lecteurs de cette œuvre, écrite par Mary Shelley et parue en 1818, s’ils ne sauront situer le lieu de l’action en Suisse, auront par contre une idée assez fine des idées portées par le récit. Signalons que l'exposition sur Frankenstein qui vient d'ouvrir à Genève (et se tient jusqu'au 9 octobre 2016) à la Fondation Bodmer est liée au fait de le roman fut rédigé dans la cité de Calvin. En effet l’auteure de "Frankenstein" entendait vivre avec son amant Percy Shelley, dont elle avait déjà eu deux enfants, mais qui était alors encore marié à une autre. Le scandale les avait obligés à fuir l’Angleterre pour une Suisse qui venait d’entrer dans des nouvelles frontières qu’elle a conservées depuis.