Avis de Benjamin : "Ce qui entend le plus de bêtises dans le monde est peut-être un tableau de musée (Edmond et Jules de Goncourt)"
Jean-Louis Déotte est connu dans l’univers de la muséologie depuis qu’il a fait paraître, au début des années 1990, les ouvrages Le Musée, l'origine de l'esthétique et Oubliez! Les ruines, l'Europe, le Musée. On a, dans Le passage du musée, un avant-propos qui rappelle les destructions récentes d’œuvres du musée de Mossoul en Irak et l’attentat perpétré dans le musée du Bardo à Tunis. Selon lui « le musée est cet appareil démocratique qui a inventé l’esthétique moderne » (page 11)
Jean-Louis Déotte propose cinq textes tirés d’articles parus entre 1995 et 2011 dans des périodiques, un catalogue d’exposition ou des ouvrages rassemblant diverses contributions. Le premier article est intitulé "Le musée, l’origine de l’esthétique", on pourra en retenir ce passage :
« la question de l’art n’est possible que du fait de l’institution de cet appareil spécial qu’on appelle musée, parce qu’il suspend, met entre parenthèses, la destination cultuelle des œuvres, c’est-à-dire leur capacité éthique et esthétique de faire-communauté et de faire-monde. À partir de lui, les œuvres devenant des suspens peuvent être pour la première fois contemplées esthétiquement pour elles-mêmes à condition, comme le signale Walter Benjamin, de se tenir à trois mètres d’elles » (page 15).
Le second texte a pour nom "Architecture et musée : le passage chez Hubert Robert", on relève ces deux phrases :
« Le musée est, en France, mais certainement aussi à l’étranger, ce qui dans le genre "architecture publique" a été plus enrichi. À un point tel qu’on peut se demander s’il est possible de penser le mode de vie urbain postmoderne en dehors de lui » (page 41)
Suit l’article "Merleau-Ponty : Hegel, le grand alexandrin" qui pose la question de l’assimilation des cultures non occidentales par le musée. L’avant-dernier texte se nomme "Heidegger et la déportation des œuvres d’art : l’exposition de Madone Sixtine de Raphaël" disserte à partir du fait que « la révolution muséale, qui date de l’époque des Lumières, a consisté à renverser le rapport entre l’œuvre et le lieu d’exposition en mettant en exergue la valeur d’exposition des œuvres et en réduisant considérablement leur valeur cultuelle de destination, voire en la supprimant » (page 63). L’ouvrage se termine avec l’écrit "Le musée de l’Europe à l’épreuve de la disparition" paru en 2005 qui s’interroge en particulier sur l’aspect que pourrait prendre un musée du XXe siècle européen.
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