Avis de Benjamin : "Dans ces conditions pas question d'abandonner les comptoirs du Sénégal"
L'ouvrage est particulièrement intéressant sous divers angles. D'abord puisqu'il raconte un fait dramatique bien en phase avec l'esprit qui empreigne la Restauration. En effet le 17 juin 1816, la frégate "La Méduse" quitte l'île d'Aix pour les comptoirs français du Sénégal. Au commandement Hugues Duroy de Chaunareys, qui n'avait jamais dirigé un navire et n'avait plus mis les pieds sur un bateau depuis le débarquement royaliste de Quiberon en 1795. Rentré en France, il avait passé dix ans comme receveur des impôts indirects à Bellac dans le Limousin actuel, province dont ses parents étaient originaires. Il avait assiégé les bureaux ministriels afin de se voir récompenser pour son exil du milieu des années 1790 à 1804 ainsi que l'action contre-révolutionnaire qui avait était la sienne ponctuellement.
Par une succession d'erreurs, Hugues Duroy de Chaunareys va faire échouer La Méduse juste au-dessus d'un petit banc de sable, un peu au-dessus du Tropique du Cancer à une vingtaine de kilomètres de la côte et donc au niveau de la frontière entre le grand Maroc (Sahara ex-espagnol compris) et la Mauritanie. Faute de canot, il est retenu l'idée lancée par le gouverneur du Sénégal (à bord), de construire un radeau. Sur cent-cinquante occupants de ce radeau, on en retrouve quinze vivants. Cet événement dramatique va inspirer le peintre Théodore Géricault. La seconde partie de l'ouvrage raconte la genèse de l'œuvre et le scandale qu'elle suscita. Une dernière partie révèle un lourd secret de famille que porte Théodore Géricault, ses conséquences vont bien au-delà de 1824, date de la mort de notre peintre. Le récit se clôt en fait le 31 décembre 1882. De nombreuses illustrations accompagnent le texte et elles sont porteuses de diverses informations.
Pour connaisseurs Quelques illustrations Plan chronologique
Dans le cortège qui entoure le vieux roi Louis XVIII vers Gand, chevauchent Théodore Géricault et le poète Alfred de Vigny (18 ans) en bel uniforme de mousquetaire. Il relatera son équipée dans Servitude et grandeur militaires (1835)