Avis de Zaynab : "Chasseurs de proie"
L’ouvrage est sous-titré "Les beaux-arts de la mort : Elisabeth von Arnim, Ingeborg Bachmann, Jean Rhys, Zeruya Shalev, Laura Kasischke". Cinq héroïnes de romans étrangers sont choisies dans les œuvres suivantes : Vera d’Elisabeth von Arnim, Franza d’Ingeborg Bachmann, Quatuor de Jean Rhys, Vie amoureuse de Laura Kasischke.Elisabeth von Arnim est en couverture du livre.
Fanny Lévy analyse un processus d'asservissement, de démolition et d'élimination dans ces romans en grande partie biographique. C’est donc un portrait de relations particulières entre hommes et femmes pour des périodes correspondant à la vie des auteures qui nous sont données pour un cadre géographique précis. Elisabeth von Arnim est née en 1866 en Australie et morte en 1941 aux USA mais a vécu en Allemagne avec son mari, Ingeborg Bachmann est née en Autriche en 1926 et décédée en 1973 à Rome et vit pour l’essentiel à Francfort, Jean Rhys est arrivée au monde en 1890 dans l’île de la Dominique et morte en 1979 en Angleterre dans le Devon et a très longtemps vécu à Paris, Zeruya Shalev est née en Israël en 1959, Laura Kasischke a vu le jour dans le Michigan aux USA en 1961.
Le personnage, mari de son héroïne Lucy, dont s’inspire Elisabeth von Arnim est le comte Henning von Armin, cousin du poète romantique Achim von Armin. Dans le roman, elle montre son époux comme « un pervers (qui) brise "avec une joie sauvage" une fleur innocente et profite (…) pour la manipuler et prendre le pouvoir » (page 66). Ingeborg Bachmann a vécu avec l’écrivain Max Frische et son héroïne Franza fait face à un pervers narcissique. Comme pour les autres thèmes, l’auteure renvoie à de multiples références à divers études ou personnages connus, comme Marylin Monroe qui appelais ses amants "Daddy". Rappelons que cette actrice est née d’une liaison adultérine et qu’elle porte le nom du mari de sa mère alors que le couple va divorcer, elle n’a jamais vu son géniteur qui Stan Gifford (voir à ce propos http://www.calldrmatt.com/norma-jeane.htm)
Illustration absente de l'ouvrage
Ces deux sujets sont traités dans la première partie intitulée "L’inferno du couple". Deux chapitres composent la seconde partie baptisée L’amour aux ultimes confins, ils ont pour intitulés : "Marya ou la chute à travers le miroir" et "Ya’ara ou la danse du diable". La dernière partie a pour nom "Jusqu’au sacrifice" et est divisée en "Leila ou le rite entre deux eaux" et "Les victimes manipulées : culpabilité ou fatalité". De la conclusion, on retiendra ceci à propos des compagnons des héroïnes :
« Sauveurs devenus monstres, ils sont des Barbe-Bleu déterminés à faire prévaloir leur volonté, à dépouiller leurs victimes d’une partie de leur personnalité et de leur dignité, à les décerveler et les déposséder pour mieux se les approprier, extincteurs de vie, ces prédateurs emprisonnent et musèlent leurs victimes dans des cloches de verre, s’assurent de leur pouvoir en les faisant souffrir et exercent leur domination jusqu’à l’anéantissement » (page 186).
Pour connaisseurs Aucune illustration