Vater und Sohn : père et fils : toutes leurs farces et leurs aventures

Le livre reprend la totalité des planches de BD muette parues entre 1934 et 1937. Ce sont les aventures d’un fils et de son père mais vu le physique de l’adulte, le jeune lecteur identifie ce dernier spontanément à un grand-père. Ici on est dans une courte histoire sur deux, trois ou quatre bandes, avec généralement deux vignettes (parfois trois) par bande.

Bien que le décor soit celui de l’Entre-deux-guerres toutes les situations parlent aisément à un jeune de six-sept ans. Certains enseignants français germanophiles utilisaient déjà cette BD sans bulle, pour prétexte à l’expression écrite en élémentaire et pour le vocabulaire ainsi que la remise en ordre d’images en maternelle nombre d'histoires sont accessibles dès quatre ans). Spontanément le jeune lecteur voit là un grand-père et son petit-fils. 

Une atmosphère affective très forte unit les deux héros et ceux-ci connaissent des aventures variées qui appartiennent au monde de l’école, des loisirs pour enfants ou adultes, d’objets techniques, du cambriolage, du zoo, des fêtes chrétiennes, des divers moyens de transport… On voit quelques fois la conséquence inattendue d’une action poussée dans ses aspects ultimes. Le titre de chaque récit n’a pas seulement été traduit mais généralement très bien adapté, ainsi "die Nagelprobe" n’est pas traduit par "clou d’essai" mais par "clou du spectacle" (il est question d’un fakir de cirque) et "L’avis des bêtes" joue sur l’homonymie avec "La vie des bêtes".

Erich Ohser est à l’origine un caricaturiste politique proche des sociaux-démocrates. Interdit de publication dans l’Allemagne nazie, il propose toutefois un projet de strips de BD muette à la "Berliner Illustrirte". Au bout  de la quatre à huitième image, arrive la chute du gag.  Ce journal obtient de la censure une autorisation de publication à condition que l’auteur prenne un pseudonyme, ce dernier est E.O. Plauen.

De 1934 à 1937 cette bande dessinée devient puis reste très populaire si bien, qu’"à l’insu du plein gré" de son auteur, la propagande du IIIe Reich l’utilise dans le cadre d’une campagne visant à inciter la population aryenne à une plus grande sociabilité. Dénoncé pour propos défaitistes, il est emprisonné et se suicide le 6 avril 1944 en maudissant son dénonciateur:

« Que la malédiction de centaines de milliers d'enfants descende sur toi ! »