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Henri Barbusse: Les discours du Feu

Henri Barbusse: Les discours du Feu
Éditions universitaires de Dijon202 pages
1 critique de lecteur

Avis de Alexandre : "Anastasie un peu anesthésiée"

Henri Barbusse est né en 1873 d’un père journaliste d’origine protestante cévenole. Malgré ses positions pacifistes d'avant-guerre en 1914 et une santé précaire, il s'engage volontairement et sert au 231e régiment d'infanterie jusqu'au début 1916 (unité composé au début de conflit d’une forte proportion de résidants dans le département de la Seine).En 1914 l’académie Goncourt n’a pu décerner de prix, en 1915 le roman de guerre Gaspard de René Benjamin est couronné et en 1916 cette même assemblée décerne rétroactivement le prix Goncourt de 1914 à L’Appel du sol (pourtant publié en 1916) et celui de 1916 au Feu d’Henri Barbusse. 

Ces deux ouvrages jettent un regard critique sur la conduite des opérations menées par l’état-major français, toutefois pour éviter la censure ils font l’impasse sur certains faits. Ainsi Barbusse gomme certains évènements en rapport avec l’exécution pour l’exemple le 4 juillet 1915 de Paul Verain à Béthonsart dans le Pas-de-Calais, un soldat originaire de l’Yonne. Notons, que le censeur du journal L’œuvre  et celui ont laissé courir la phrase où le ministre le Guerre Alexandre Millerand est traité de salaud. Certains passages, présents dans la presse, ne sont pas maintenus dans le livre et inversement. Le narrateur ne cautionne jamais les réactions d’humeur rapportées, ce qui permet d’en limiter, aux yeux d’Anastasie, la portée à des réflexions individuelles. La langue du récit emprunte beaucoup à l'argot des poilus, peut-être en partie pour masquer, au censeur, la réelle portée de certains propos.  

Henri Barbusse rédige Le Feu, à partir des notes contenues dans son carnet de guerre, alors qu’il séjourne aux hôpitaux militaires de Chartres et de Plombières.  Le récit paraît en août et septembre 1916 dans le journal L’œuvre et édité juste avant l’attribution du Prix Goncourt (rappelons que l’écrivain Ernest Pérochon s’était vu refusé de concourir avec Les Creux-de-maison parce que son roman n’avais connu qu’une parution en feuilleton).

L’étude, proposée ici par Denis Pernot, revient sur certaines réalités exposées dans le récit, les conditions d’écriture et de réception du roman (tant en France auprès des combattants que de l’arrière que dans la presse germanique ou le journal La Gazette des Ardennes voix de l’Allemagne en territoire français occupé) et pose la question du discours globalement tenu. Ce dernier est loin du bourrage de crâne, niant en particulier que la guerre moderne est une guerre de héros individuels où les hommes souffrent la plupart du temps sous le poids d'armes tirés d'un endroit inaccessible à leur vue, mais on est là sans appel à une cessation des hostilités.               

Notons qu’à partir d’avril 1918 Henri Barbusse assure la direction littéraire du nouveau journal Le Populaire, porte-parole de la minorité pacifiste socialiste qui devient majoritaire en octobre 1918.

Pour connaisseurs Aucune illustration

Alexandre

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