Avis de Patricia : "Iel ou ille ?"
En 2007 sortait l’ouvrage Les femmes qui écrivent vivent dangereusement, on y dressait le portrait d'une cinquantaine d’auteures depuis Hildegard de Bingen et Christine de Pisan jusqu’à notamment Arundhati Roy ou Isabel Allende. Dans l’ouvrage de Catherine Sauvat, il s’agit d’évoquer des femmes ayant écrit sous un pseudonyme renvoyant à un nom d’homme.
En effet au XIXe siècle, elles sont nombreuses car si le niveau d’instruction des filles a globalement bien progressé et que les classes sociales des écrivains se sont diversifiées, par contre l’image d’une femme sachant produire de la littérature est peu concevable. Claire de Duras, qui se consacre à l'écriture romanesque sous la Restauration écrit en 1813 à sa fille: « L’indépendance des idées est une chose que le monde ne pardonne pas aux femmes » (page 26).
D’ailleurs en matière d’œuvres pour la jeunesse, on voit des dames utiliser un pseudonyme masculin. Ces dernières travaillent d’ailleurs souvent dans les nombreux journaux pour enfants et les identifier n’est pas chose aisée car peu adhèrent à la Société des gens de lettres. Ainsi Colette Brégeault, non citée ici, est une auteure assez prolixe en romans (parfois scolaires) signant François Marion. Sa cousine Odette Frénoy écrit elle-même, dans le même secteur éditorial ou dans la presse populaire catholique, avec le pseudonyme Guy de Loussot en hommage en hommage à sa mère (née Marie-Louise Vallotte en 1864 à Amiens) qui signait Jean de Loussot pour des œuvres dramatiques et des romans dans L’Ouvrier et également dans les collections Fama et Bayard. Léa Védrine, de son nom de plume Georges Nigremont, est également une autrice d'œuvres pour la jeunesse, née le 16 février 1885 en Creuse.
Une fois un certain succès de leurs productions, certaines femmes peuvent se mettre à révéler leur véritable identité. C’est le cas de Colette Brégeault et d’autres présentées dans Ils sont elles, telle Alice Fleury alias Henry Gréville. Cette dernière est accessoirement vice-présidente de l’Orphelinat des arts à Courbevoie et fournit un manuel d’éducation civique et moral, salué par Jules Ferry. Parfois certaines continuent à signer de leur pseudonyme masculin alors que leur véritable identité est révélée, comme l’Argentine Emma de la Barra qui signe au départ César Duáyen. Une autre piste empruntée est de publier de façon anonyme, Mary Shelley procède ainsi à ses débuts.
Parmi les plus connues de cette cinquantaine de femmes présentées là, on relève parmi les Françaises : Aurore Dupin (pseudonyme masculin : George Sand) 1804 – 1876, Jeanne Loiseau (pseudonyme masculin : Daniel Lesueur) 1860 – 1920, et Marguerite Eymery dite Rachilde (1860-1953) épouse d’Alfred Vallette fondateur du nouveau Mercure de France. On trouve là notamment l’Anglaise Mary Anne Evans (pseudonyme masculin George Eliot) 1819 – 1880 mais aussi Jane Austen, les sœurs Brontë à ainsi que Karen Blixen.
On note l’absence de l’Écossaise Élizabeth Mackintosh (pseudonyme masculin Gordon Daviot). Si Elsa Triolet prend bien le pseudonyme masculin de Laurent Daniel, elle n’est pas citée ici car elle ne l’emploie que pendant la Seconde Guerre mondiale pour Les Amants d'Avignon.
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