Avis de VInce1576 : ""Les Mémoires se fondent sur un postulat biaisé Vidocq est innocent, seules des circonstances historiques troublées et l'injustice l'ont amené à s'exposer à des erreurs judiciaires pour lesquelles il a payé le prix fort""
Cette phrase issue de la préface de Roger Martin montre l'ambivalence de l'ouvrage.
Vidocq (1775-1857), dans ses Mémoires, se peint sous son meilleur jour, mais n'est ce pas finalement le propre de l'autobiographie ?
Schématiquement la première partie de l'ouvrage montre un Vidocq délinquant, soldat, déserteur, et évadé. Il traverse les époques troublées que sont la Révolution et le Directoire. Il est flagrant qu'à ce moment là de son récit, il se donne le rôle de victime. Il commet des actes délictueux mais bien souvent malgré lui (une sorte de "à l'insu de son plein gré", avant l'heure).
Il est également homme d'esprit et séducteur. Cette partie a suscité en moi, amusement et oeil critique. Tout est trop beau pour être honnête.
Dans la seconce partie de l'ouvrage (qui se déroule essentiellement sous l'Empire et la Restauration), il devient, en échange d'une amnistie, et pour reprendre un terme moderne, agent infiltré.
Utilisant les méthodes des délinquants (des méthodes qui seraient probablement en violation des lois modernes), avec beaucoup d'audace et de courage, il fait procéder à de nombreuses arrestations (20 000 revendiquées), et démasque des bandits où les agents de police officiels échouaient . Il n'hésite pas à payer de sa personne.
Dans cette partie également, il est possible de ressentir la mise en scène. A tel point qu'il n'hésite pas à préciser que les malfaiteurs vont jusque à lui être reconnaissants et à lui demander des services. Mais on ne peut nier que sa façon d'agir fut efficace et probablement révolutionnaire.
Ici, nous sommes proches du roman policier moderne. Il n'est, alors pas étonnant que Vidocq ait inspiré de grands auteurs comme Victor Hugo ou Balzac, et encore aujourd'hui qu'il puisse être le héros de films ou séries. Ses mémoires permettent de s'immerger dans le monde du crime qui finalement reste une constante, hier comme aujourd'hui.
Comme le souligne Roger Martin, nous sommes proches de ces personnages ambigüs que furent Fouché ou Talleyrand.
L'ouvrage se termine en 1827. Pour connaître la fin de l'histoire de Vidocq, il convient de revenir à la préface. Je conseille de la lire deux fois, une première avant de débuter l'ouvrage, car de judicieux conseils y sont dispensés (notamment de procéder à une lecture entre les lignes). Une seconde lecture, à la fin de l'ouvrage, pour connaître (ou se rappeler) le fin mot de l'histoire.
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