Avis de Adam Craponne : "Et l’on ose demander si les comédiens sont éligibles, quand on me voit élu ! (Mirabeau)"
Philippe Riviale commence par expliquer quels étaient les contenus des journaux sous la Révolution ; on en retiendra que l’on est plus dans la presse porteuse de polémiques (en n’hésitant pas au passage à user de diffamation) plutôt que dans les journaux d’information. À cette époque, on est également dans le dazibao avant l’heure. La liberté de la presse est d’abord totale et on voit quelle réception est faite des contenus de certains numéros des journaux les plus en vogue de l’époque comme Le vieux cordelier rédigé par Camille Desmoulins.
Un chapitre est consacré au Comité de sûreté générale qui est le prolongement du Comité de surveillance ; si le dans le temps le premier date d’octobre 1792, le second est mis en place en octobre 1793. On retiendra la remarque maligne de Jacques Alexis Thuriot au sujet du décret condamnant les accapareurs ; posant la question au sujet de celui qui réunit une grande bibliothèque, il demande à ce que ce dernier ne soit pas traité d’accapareur, ce que le texte d’origine permettait. Dans une seconde version, une exception est prévue pour le cas soulevé.
Dans divers chapitres, l’auteur présente des cas précis où des personnes sont accusées de corruption, complot, passe-droit... On relèvera que le député de la Sarthe Pierre Philippeaux, après sa mission en Vendée militaire, dénonce l’incurie des généraux sur place (Ronsin et Rossignol) et les massacres perpétrés par des soldats républicains ; il se voit accuser alors de trahison et d’être contre-révolutionnaire. D’un côté on invente parfois des accusations, de l'autre on n’en sanctionne pas un grand nombre et finalement on fait parfois payer lourdement ceux qui rapportent des faits exacts (Pierre Philippeaux est guillotiné le 5 avril 1794).
(cette image n'est pas dans l'ouvrage)
Ce qui a le plus de publicité est certainement le complot qui vise à donner une ville à l’ennemi, ceci pouvant être imaginaire comme avec Strasbourg en septembre 1793 ou bien réel comme Toulon où les royalistes livrent la ville aux Anglais. On suit en particulier les nombreuses conséquences qu’eurent dans l’armée le passage de Dumouriez (vainqueur de la bataille de Valmy) du côté des Autrichiens, du fait qu’il allait être décrété d’arrestation, suite à l’échec de l’armée française lors de la bataille de Neerwinden en mars 1793. Le cas du général Custine, jugé pour ses défaites en Rhénanie, est également à connaître. On peut dire, en généralisant quelque peu, qu’un général viancu est un militaire bon pour la guillotine et que l’on va l’accabler de tous les maux à côté des diverses erreurs militaires qu’il a pu commettre. Par contre ceux qui causent à l’origine ces défaites, les responsables des mauvaises conditions de vie et d’équipement des soldats restent très largement exempts de reproches. Ce sont les fournisseurs et ceux qui couvrent leurs trafics.
Du côté des femmes, il y a un développement autour d’Olympe de Gouges aux pages 204 et 205. L’auteur réfléchit plus globalement aux caractéristiques qui permettent, de le traiter de suspect ou de contre-révolutionnaire quelqu’un. On n'oublie pas que Robespierre fut accusé d’être un tyran, alors que certains de ses amis montagnards avaient affublé nombre de leurs ennemis de ce qualificatif.
Dans sa conclusion, Philippe Riviale reprécise que le plus imaginaire des complots fut celui qui avançait que Robespierre préparait une dictature. Après sa chute « la Révolution prit un nouveau genre ; les hommes d’affaire, les financiers, les banquiers et fournisseurs purent s’emparer de la ruche et dévoiler sans honte les immenses fortunes, dont plus tard l’empereur Napoléon assura la pérennité » (page 338).
Après avoir traité des complots imaginaires dans la tête des gens de l’époque de la Révolution, il reste à présenter ceux pour qui la Révolution française fut en soi un complot. On pense en particulier au jésuite français Augustin Barruel auteur de la théorie que les francs-maçons avaient prémédité d’agir pour renverser la royauté. Ce sont d’autres écrits que ceux de Philippe Riviale qui l’évoquent.
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