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Saint-Just, la liberté ou la mort

Saint-Just, la liberté ou la mort
De Borée362 pages
1 critique de lecteur

Avis de Adam Craponne : "Nivernais jusqu’à neuf ans, picard seize ans, parisien deux ans et mort à près de vingt-sept ans"

Blérancourt, entre Noyon et Soissons aux limites de l’Aisne et de l’Oise, possède deux musées ; le plus connu est celui Franco-Américain (qui vient de réouvrir) et le second est celui de Saint-Just (actuellement fermé).  

S’intéresser à celui qui fut surnommé "L’archange de la Terreur" c’est revisiter la période de la Révolution qui fait le plus débat mais c’est aussi s’interroger sur les hommes à l’origine de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen.

Buste de Louis Antoine de Saint-Just réalisé par David d'Angers

Dans sa préface, Bernard Vinot écrit à propos de l’auteur de cet ouvrage :

« Il présente son essai comme un "ouvrage de fiction" s’inscrivant dans "une démarche historique", à l’interface de l’histoire et du roman. Les citations de Saint-Just s’intègrent, avec ou sans guillemets, dans le style de l’auteur selon un genre qui n’est pas nouveau » (page 23).  

Michel Benoit développe durant près de cent-cinquante pages ce que Louis Antoine Saint-Just aurait pu penser après son arrestation le 9 et 10 thermidor an II, c’est le prétexte pour faire revisiter, avec comme narrateur "L’archange de la Terreur" toute la vie et donc les engagements du personnage. Ceci s’appuie sur une solide documentation, toutefois il faut être très érudit pour savoir ce qui relève de la vérité historique ou de l’interprétation très personnelle de Michel Benoit. On peut ainsi lire page 60, de façon assez dubitative, que pour démasquer Hérault  de Séchelles de ses liens avec un service de renseignements royalistes, Saint-Just monterait un stratagème visant à faire révéler par Hérault  de Séchelles début 1794 un faux projet d’invasion de la principauté de Neufchâtel (sous la suzeraineté du roi de Prusse depuis 1707, située entre la Franche-Comté et la Confédération helvétique).

Le récit commence ainsi :

« Je suis debout, près de la fenêtre, immobile, épuisé, le jour se lève sur Paris. Une nuit qui s'achève, bleue, blanche et rouge aux couleurs de cette jeune république que j'ai tant appelée, tant désirée et tant aimée. Bleue comme le ciel de cette aurore innondant les jardins des Tuileries où miroîtent d'étranges lueurs sur les allées bordées d'arbres centenaires. Blanche comme cette nuit peuplée d'ombres et de fantômes qui m'entourent à présent; des êtres sanguignolants se vidant de leur sang, devant l'insoutenable regard des gardiens qui nous surveillent. Rouge comme la fureur et le désespoir de ceux qui savent qu'ils vont mourir, bientôt, sans sursis, sans défense, quoi qu'ils disent, quoi qu'ils fassent...

A quoi bon parler, leur parler...

Je suis étroitement lié, garroté, mes membres me font souffrir et s'engourdissent à présent: la tyrannie endort !

On veut m'empêcher de fuir.

Fuir, comment le pourrais-je ?

Vers où et vers qui ?

Précaution ridicule.

S'ils savaient...

Comprendre, fuir pour mieux périr.

Celui qui cherche un bonheur à part de celui du peuple doit périr ! » (pages 31-32)

Une seconde partie évoque le séjour de certaines figures historiques dans le Nivernais ou le parcours de personnalités nivernaises sous la Révolution française. Il retrace quelques évènements très intéressants s’étant déroulés au centre de la France, dans la capitale ou aux frontières. Sont évoqués ainsi des personnalités connues comme Fouché, Collot d’Herbois ou l'hébertiste Chaumette (fils de cordonnier et devenu procureur-syndic de la commune de Paris, il fut un ardent anti-esclavagiste), mais aussi des Nivernais qui, sans être entrés dans l’Histoire nationale, se distinguèrent durant cette période.

Dans le texte consacré à Chambrun d’Uxeloup père et fils, évoquant pour ces derniers la protection accordée envers les prêtres réfractaires et la question de l’émigration, il est évoqué un courrier envoyé par Noël Pointe à Fouquier-Tinville en 1794. Le père et le fils seront sauvés de l’exécution à Paris par le 9 thermidor. Il est à noter que l’ouvrage assez récent Noël Pointe : un Conventionnel stéphanois (1755-1825) de Pierre Roy aux éditions Créer évoque également pour certaines pages la Nièvre durant cette époque. Le génral Taverna a écrit au début du XXe siècle Noël Pointe (1755-1825) un commissaire de la Convention dans la Nièvre créateur de la Fonderie de Nevers (1793-1794). Dans  Les Nouveaux Mystères de l'Allier de Jean Débordes, il est dit un mot sur Noël Pointe par ailleurs; ce dernier a une rue à son nom à Nevers. Le livre de Michel Benoit avait connu une première édition sous le titre Saint Just apogée d'un silence, dernier regard aux éditions Guéniot en 2003.  

Pour connaisseurs Aucune illustration

Adam Craponne

Note globale :

Par - 751 avis déposés - lecteur régulier

Article très intéressant. Pour ceux qui le souhaitent je renvoie à mon livre "Par-delà le rejet et l'oubli qui traite de Robespiere, et donc de Saint-Just notamment dans le chapitre"Une nuit sans lendemain". Voir à ce sujet le bel article de Georgia sur ce site. Vincent Silveira
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