Napoléon de mal empire

Comme avec "La guerre de 100 ans 1337-1453" on a 42 pages de BD et 6 pages de documentation. Si le principe est le même c’est-à-dire partir d’un évènement historique le résultat est moins percutant. Tout d’abord on n’a pas fait le choix de mettre deux lignes en bas de chaque planche afin  de préciser à quel fait on se réfère. Ensuite on réserve parfois la compréhension du ressort du gag à des lecteurs qui ont une culture historique  sur une autre période, ainsi en est-il avec la page nommée "Eylau, Eylau, on rentre du boulot".

Napoléon de plus paraît très souvent ridicule comme avec "Le sale air de la peur" où il craint tellement un chat qu’il monte se réfugier dans un arbre (gaga fait à partir de l'idée qu'il n'aimait pas les chats), et quand quelque fois il singe des comportements de notre époque comme lorsqu’il apprend qu’il vient de remporter une victoire de plus imprécise (contre un général au nom étonnant, car né en Brabant et servant l'Autriche) et imite un supporter de football. Est-il si amusant que cela de faire appeler Napoléon "votre boursouflure" et de renouveler par exemple par "votre joufflure" par son aide de camp ?

Certes les ressorts de l’humour sont variés mais le résultat reste toujours à un niveau de performance fort ordinaire. Or la nourriture servie à la troupe des soldats (l’ordinaire) était assez insignifiante et ils devaient se nourrir essentiellement sur l’habitant.  Le scénariste se nourrit de faits authentiques et les grossit en démolissant de façon détonante le personnage.  Bref voilà un livre qui plairait certainement au moins autant à ceux qui déteste l’Empereur (comme Lionel Jospin) qu’à ceux qui l’admireraient. Les qualités de l’ouvrage tiennent essentiellement au graphisme qui porte un très bel esprit caricatural et à celles des pages documentaires confiées David Chanteranne le rédacteur en chef du mensuel "Napoléon Ier".  On n'hésitera moins à se prononcer sur la bonne réception de la BD humoristique "Napo et nous… la pyramide de l’Aigle" de Dirick.