Avis de Adam Craponne : "Menteur comme un bulletin ou le bourrage de crâne à la napoléonienne"
Menteur comme un bulletin ou le bourrage de crâne à la napoléonienne
L’étude des "Bulletins de la Grande Armée" est réalisée par Jacques-Olivier Boudon. Ces derniers sont présentés dans leur intégralité dans l’ouvrage "Les Bulletins de la Grande Armée : les campagnes de Napoléon au jour le jour", ils sont présentés par Jacques Garnier. Ce dernier avait communiqué lors du colloque tenu à l’École militaire à la fin 2012 au sujet de la mémoire de la Grande Armée entretenue au XIXe siècle par les écrivains (Hugo, Stendhal), les auteurs de souvenirs et les historiens.
"Les Bulletins de la Grande Armée " sont un outil de propagande et si Napoléon dût freiner le zèle de certains préfets qui demandaient aux évêques d’exiger que le dernier publié soit lu au cours de la messe du dimanche suivant, il insista pour que certains le fussent. De larges parties de leur texte est de Napoléon et il a supervisé chacun d’entre eux.
"Le Bulletin de la Grande Armée" était publié dans l'organe officiel du régime napoléonien "Le Moniteur Universel". Par ailleurs la presse n’étant pas libre et le correspondant de guerre n’étant pas une profession de l’époque, les journaux de l’époque reprenaient en les résumant ou tiraient des extraits de ces bulletins pour leurs lecteurs. Ils étaient d’ailleurs traduits dans plusieurs langues (dont le turc et l’arabe) et ce sont donc toutes les populations de l’Empire français, qu’elles parlent français, néerlandais, allemand, italien, espagnol ou en ce qui deviendra du slovène, qui avaient accès directement ou indirectement au contenu des "Bulletins de la Grande Armée ".
Lire ces bulletins c’est pénétrer une partie de la vision que pouvaient avoir les sujets de Napoléon Ier de ses campagnes. Certes les premiers concernés, puisque l’on parlait d’eux, à savoir les militaires avaient inventé l’expression "menteur comme un bulletin" mais ils revenaient très peu dans leur famille et étaient sinon totalement analphabète, du moins largement illettrés (les plus instruits de la population s’étaient payés un remplaçant).
Chaque chapitre correspond à une campagne de Napoléon : Italie, Égypte, de 1805 (essentiellement depuis le camp de Boulogne jusqu’à Austerlitz), de 1806 en Prusse, de 1807 en Pologne, d’Espagne, d’Allemagne en 1809, Russie, de 1813 en Allemagne (avec la bataille de Leipzig), de France en 1814, des Cent-Jours. On aurait aimé un index des noms cités qui nous auraient aidés à aller de façon plus sûre et donc plus rapide vers les personnalités qui nous intéressent le plus.
Pour connaisseurs Peu d'illustrations