Avis de Xirong : "L’avenir du général Bonaparte a été construit sur le sable égyptien, pas étonnant que l’Empire s’écroule au bout d’une dizaine d’années"
Il s’agit ici du premier volume de la série "Napo et nous…" chez cet éditeur et deux autres volumes sont déjà prévus. En 2012 était sorti chez une autre maison Grrr...art "NAPO et nous... ça empire d'Empire en pire !"
On est sur le mode comique récurrent issu soit du jeu de mots, soit du gag visuel, soit du comique de situation. Outre Napoléon et le mamelouk Roustan apparaissent comme personnages principaux, mais cette fois de fiction, sont le caporal Celestin Lampion (le véritable héros), le jeune soldat Lebleu et le général (anonyme).
Bien que le récit soit continu, on remarque diverses centrations successives. Le premier épisode est sur le thème des liens entre la franc-maçonnerie et l’Égypte, cette histoire s’appuie sur un fait authentique, à savoir l’importance de francs-maçons parmi les officiers de la Grande Armée. L’on sait que prisonniers ou blessés, beaucoup d’entre eux survécurent en faisant le signe de détresse des francs-maçons.
Le second sujet met en relief tout d’abord l’analphabétisme de la troupe à l’époque, d’où le rôle d’écrivain public que joue le héros. Cet illettrisme a été largement favorisé par les guerres révolutionnaires et napoléoniennes qui enlèvent un certain nombre de maîtres d’école potentiels des villages, ruinent l’enseignement catholique et le non intérêt de Napoléon pour la question de l’alphabet. Démarché par Johann Heinrich Pestalozzi pour favoriser le développement des écoles primaires, Napoléon Bonaparte manifesta son refus de s’engager dans cette voie. Des familles, comme celles de l’écrivain Émile Guillaumin, connaissent une génération analphabète au milieu des générations qui savent lire. Ce thème est mis ici en regard avec celui des amputations que subissaient de nombreux blessés ; on mourrait plus après que pendant la plupart des batailles d’autre part.
Le troisième épisode évoque tant l’europhobie, prêtant à Napoléon divers propos dont celui du général de Gaulle à propos des cabris, que le code napoléonien (allégrement confondu avec le code de la route).
La seconde moitié du livre tient autour d’une mission que confie l’Empereur, alors que l’on est un ou deux ans après la bataille d’Austerlitz, au caporal Lampion. Inquiet de connaître son avenir, c’est-à-dire comment se termineront ses projets de domination de l’Europe, Napoléon désire que soit interroger un vieux mage égyptien qui lui avait prédit au moment de l’expédition vers les Pyramides qu’il deviendrait empereur. Ceci est l’occasion de mettre en regard l’Égypte de Méhémet-Ali et celle du tourisme de notre époque.
On est assez dans la veine d’"Astérix" par l’aspect caricatural d’une période dont on se joue souvent en y glissant quelques pensées anachroniques et allusions à d’autres albums de BD (comme avec le lama d’une aventure de "Tintin"). Une carte, sur double-page, de l’Europe avec les frontières qu’elle a aux environs de 1810-1812 est proposée ; sont indiqués divers lieux évoqués dans les trois albums de la série. Le dessin est assez caricatural, il rend merveilleusement la dimension globalement comique. Jean-Pierre Dirick donna dans "Pif" de 1980 à 1994 "Les Énigmes de Tim" qui étaient des mystères plus ou moins policiers présentés en quelques vignettes et à résoudre par des qualités d'attention.
Pour tous publics Beaucoup d'illustrations