Avis de Adam Craponne : "La parole a été donnée à l'homme pour dissimuler la pensée"
Notre titre reprend un mot de Talleyrand. L’ouvrage de David Lawday ouvre sur une carte de France avec ses frontières de 1789 (quelques erreurs à l’Est et une grave avec l’oubli de l’enclave du Pape an Avignon et au Comtat Venaissin) avec l’excellente idée de situer les lieux qui ont marqué la vie de Talleyrand (Valençay, Autun ou Bourbon-l’Archambault par exemple) et une carte de l’Europe dans ses frontières de 1810-1812 (soit à l’apogée de l’Empire).
Un prologue permet de poser un certain nombre de questions essentielles autour du personnage étudié comme ses relations avec Napoléon, la relative confiance à faire à ses écrits (la légende de la commode lui tombant sur le pied pour expliquer son pied bot) et ses rapports à l’argent. Notons que l’épisode des es douceurs, comprendre les pots de vin, que Talleyrand exigea en 1797, au grand scandale des USA, afin que la France condamna les corsaires français qui s’emparaient des navires américains, est raconté aux pages 145 à 147.
La première rencontre entre Talleyrand et Napoléon se fit d’ailleurs le 6 décembre 1797, ils étaient rue du Bac à Paris chez Talleyrand, et Bonaparte rentrait couvert de gloire de sa Campagne d’Italie.
Quels sentiments nourrissaient-ils l’un pour l’autre ? David Lawdey nous fait approcher l’évolution de ceux-ci. On retiendra particulièrement combien Napoléon Ier est prêt en 1808 lors de sa rencontre à Erfurt en Saxe avec Alexandre Ier à dépouiller l’Empire turc au profit de la Russie (pour la distraire de ce qui se passe au centre de l’Europe) et quel double-jeu réalise Talleyrand à cette occasion (en prévision d’une chute de l’Empire qu’il prévoit inéluctable), ceci est exposé dans le chapitre intitulé "Un thé avec le tzar" (pages 270 à 285).
En vingt-et-un chapitres, l’auteur a su développer clairement les moments phares d’une vie publique dont la dernière page débouche sur l’indépendance de Belgique dans des frontières en partie dessinée par notre personnage (c’est en particulier le cas pour la région d’Arlon).
Les "Mémoires de Talleyrand" devaient paraître trente ans après sa mort, c'est-à-dire, le 17 mai 1868, toutefois elles se basaient sur des papiers dérobés par un serviteur et des faux. Tous les papiers de M. de Talleyrand avaient été légués par Talleyrand à sa nièce, madame la duchesse de Dino, ils ont été transmis successivement à l’ancien ambassadeur puis M. Andral et Chatelain. Ce dernier a désigné le duc de Broglie comme légataire des documents qui lui appartenait aussi en 1891 paraissent les authentiques mémoires de Talleyrand, préfacées par le duc de Broglie. Toutefois on n’a là qu’une partie de celles-ci et au cours des décennies certains tomes de l’ensemble de l’œuvre vont paraître suite à la mise en lumière d’une partie de l’œuvre.
Pour connaisseurs Quelques illustrations